Table rase du passé (Billy & Hannah 2.0)

Ça faisait plusieurs semaines que le jeune Hargrove n’était plus amnésique. Le jour même où il avait recouvré la mémoire était également celui où il avait réussi à reconquérir son petit ami Steve. C’était nickel à ce moment-là, sauf qu'ensuite ça s’était dégradé entre eux. Pour cause, quelques jours auparavant Faith sortie de nulle part était venue annoncer à Billy qu’ils avaient conçu un enfant – sans même le vouloir réellement – et que ce dernier n’était plus de ce monde suite à une fausse couche dont elle avait été victime. L’histoire aurait pu s’arrêter ici, mais malheureusement Harrington avait tout entendu de leur conversation, et depuis il faisait la tronche. Bien sûr, le Californien avait bien conscience que le vendeur avait mal vécu le fait que les deux meilleurs amis s’étaient envoyés en l’air ensemble au sein de l’appart du couple, mais là le brun était plus jaloux que d’habitude. Il ne décolorait pas malgré toutes les excuses que son bien-aimé avait pu lui présenter. De plus, comme le plus âgé craignait que le blond ait chopé une MST qu’il lui aurait transmise, ils avaient eu le droit à une prise de sang dans un laboratoire. Seulement voilà, ils allaient encore devoir attendre quelques jours avant de découvrir s’ils étaient sains ou au contraire contaminés. Le pauvre rebelle ne savait plus du tout ce qu’il devait faire pour que son compagnon se calme et lui fasse confiance comme auparavant.

Comme son copain n’apprécierait pas qu’il discute de leur crise de couple avec celle qui l’avait en partie mis à mal, le bad boy avait besoin de quelqu’un d’autre. C’est pourquoi il avait tenté de reprendre contact avec son amie Hannah. Déjà, il fallait qu’il lui présente des excuses pour le geste déplacé qu’il avait eu envers elle quand il était à l’hôpital il y a des mois de cela. Et puis, avec un peu de chance, si elle ne lui en voulait pas trop, il pourrait peut-être se confier à elle si elle était d’accord pour l’écouter. Qui sait ? Peut-être même qu’elle aurait de bons conseils à lui donner pour arranger la situation. Mais, il verrait tout ça d’ici quelques minutes.

Après avoir quitté son appartement, le blondinet était monté dans sa voiture dans laquelle comme d’habitude il écoutait la musique assez fort. Le conducteur roulait en direction du point de rendez-vous que lui avait indiqué la jeune Baker. Celle-ci avait choisi un lieu public, ce qu’il pouvait comprendre. La pauvre devait encore se méfier de lui, mais le maître-nageur tâcherait de lui expliquer qu’il n’était pas dans son état normal à l’époque. Ça n’effacerait peut-être pas le fait qu’il avait eu la main baladeuse, mais il allait profiter de son entrevue avec elle pour tenter de se faire pardonner auprès d’elle, même s’il avait la désagréable sensation de ne faire que ça en ce moment vu ce qui se passait chez lui. Si bien qu’il allait finir par maîtriser la chose à force.

Comme il avait bien appuyé sur le champignon, le nageur-sauveteur ne mit pas plus de quelques minutes à arriver à bon port. Il s’était garé sur le parking réservé à la clientèle du Boathouse. Apparemment, il ne devait pas y avoir foule vu qu’il n’y avait pas des masses de voitures. Billy descendit de la sienne après avoir récupéré ses clés. Il claqua sa portière et verrouilla sa caisse avant de balancer son mégot de cigarette par terre. Ensuite, il se dirigea directement vers le bar-restaurant du meilleur ami de son mec. Pourvu que celui-ci lui fiche la paix, car il n’était pas d’humeur à supporter ses conneries.

Hargrove rentra dans le Boathouse et balaya l’endroit du regard. Il cherchait tout simplement à voir si la brunette était déjà là ou non. Au bout de quelques instants, il la repéra attablée avec le nez dans des bouquins. C’est vrai qu’elle était moins âgée que lui et probablement encore dans les études. Le féru de musculation parcourut les quelques mètres le séparant de la jeune Baker. « Salut ! » Fit-il en arrivant près de sa table afin qu’elle ne soit pas trop surprise en découvrant quelqu’un assis en face d’elle. D’ailleurs, il ne se gêna pas pour s’installer directement. « En train de potasser à ce que je vois. » Dit-il en souriant tout en retirant son blouson en cuir qu’il posa sur le dossier de sa chaise. « Ton copain n’a pas tenu à t’accompagner ? Ça m’étonne ! » Lança-t-il d’un air amusé avant de reprendre son sérieux. « Merci d’avoir accepté de me voir… » Commença-t-il en cherchant un peu ses mots pour la suite. « Je suis vraiment désolé du comportement que j’ai eu à ton égard il y a quelques mois. Tu as tout simplement et malheureusement rencontré l’ancien Billy. Celui qui se voilait la face sur son orientation sexuelle et qui aimait avoir la cote avec les filles. » Expliqua-t-il en se rappelant aussi bien de ce qui s’était produit lorsque la jeune femme était passée le voir à l’hôpital ou encore de ce qu’il avait vécu durant les années 80.

Billy n’était pas plus stressé que ça de revoir Hannah. Certes il avait merdé avec elle la dernière fois qu’ils s’étaient vus, mais il avait une très bonne excuse puisqu’à l’époque il souffrait d’une violente amnésie. Aujourd’hui il n’avait plus ce souci étant donné qu’il avait recouvré totalement la mémoire. Il espérait donc pouvoir arranger les choses avec la brunette. S’il avait assez de chance, elle ne lui en tiendrait pas rigueur et effacerait de sa tête le geste déplacé qu’il avait eu à son égard. Surtout qu’il s’en voulait d’avoir pu la blesser en se comportant ainsi.

Ne souhaitant pas rentrer dans le vif du sujet tout de suite, le blondinet réagit en premier lieu au fait que la jolie Baker était en train d’étudier. Apparemment celle-ci était studieuse, ce qui fit sourire le bad boy qui était loin de l’être quand il était encore scolarisé. « Ah ça y est t’es à l’université maintenant ? » Le temps passait tellement vite qu’il n’avait pas réalisé qu’elle en était déjà à ce stade. Peut-être que le fait qu’il ait été amnésique durant plusieurs mois n’avait pas aidé non plus. « Je n’ai jamais mis les pieds à l’université. » Indiqua-t-il brièvement avant de reprendre la parole. « Si ça se passe mieux pour toi là-bas qu’au lycée, c’est bien. Je suis content pour toi. » Après tout, il se souvenait encore de l’état dans lequel il l’avait trouvée devant la piscine. Alors oui, il préférait la savoir bien dans sa peau. D’autant plus que là en l’observant, il remarquait très nettement le changement et ça lui faisait plaisir. En effet Hannah n’était plus le chaton sauvage apeuré comme le jour de leur rencontre. Au commentaire suivant de l’étudiante, le jeune Hargrove ne put s’empêcher de rire. Pour cause, il ne savait pas du tout de quoi le petit copain de la brune était capable, donc il n’avait point peur de lui. « Oh ! J’ai pas l’impression que ton Jason me ferait grand mal, mais c’est comme tu préfères. » Le choix revenait à l’interlocutrice du maître-nageur de toute façon. Lui de son côté ne cacherait pas cette entrevue à Steve. Du moins, si celui-ci venait à s’inquiéter de son sort ou à s’intéresser du déroulé de sa journée.

Un sourire apparut sur la jolie bouille du Californien quand la jeune fille lui fit remarquer qu’elle n’oubliait pas qu’il s’était occupé d’elle le jour de sa résurrection. C’est vrai que tous les deux avaient ce point commun non négligeable. D’une certaine manière ils avaient ce lien indéfinissable qu’ils ne retrouveraient probablement avec personne d’autre. Pas tout à fait l’aise, ne sachant pas comment s’y prendre correctement, le rebelle présenta tout de même ses excuses à celle qu’il voyait comme une amie. Il profita aussi de l’occasion pour lui expliquer à qui elle avait réellement eu affaire à l’hôpital il y a plusieurs mois de ça. A ce qu’elle répliqua, le nageur-sauveteur ne trouva rien à dire puisqu’il savait pertinemment qu’elle était en droit de penser ça de lui. Surtout qu’elle n’avait pas tout à fait tort. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il était un abruti ou un pervers, mais effectivement il était très porté sur la chose et se fichait de la manière dont les autres le voyaient. Présentement il reste le garçon qui adore le sexe et qui n’en a que faire du regard des inconnus, par contre il se soucie vraiment de la vision que ses proches ont de lui. Billy ne put retenir une grimace en découvrant d’ailleurs le ressenti de miss Baker. « Je suis désolé de t’avoir rappelé de mauvaises expériences et de t’avoir effrayée. » Par contre, il retrouva le sourire à ce que dit ensuite la brunette. « Merci Hannah. » Quant à Steve, alors là c’était devenu plus compliqué depuis quelques jours. Il ne répondit donc pas de suite à propos de ça et poussa un soupir en pensant à lui. Le sportif hocha la tête à la question de son interlocutrice. « Oui… Comme j’te le disais tout à l’heure par message. J’ai fait une énorme connerie pendant mon amnésie. En fait, j’ai couché avec une fille. » En disant cela, il tourna le regard vers le bar et réalisa que justement le cousin de cette dernière était en train de le fixer. A croire qu’Adam savait de quoi il était en train de parler, mais peu importe. Il reporta ensuite son attention sur la demoiselle en face de lui. « Sauf qu’il y a quelques jours justement cette amie est revenue vers moi pour m’annoncer qu’elle attendait un enfant de moi, mais qu’elle a fait une fausse couche. En fait Steve a tout entendu de notre conversation et il m’en veut à mort à cause de ça. J’ai beau essayer de lui faire entendre raison, de lui rappeler que je n’étais pas moi-même au moment des faits il ne décolère pas. J’arrête pas de lui dire que je suis désolé, j’ai même accepté qu’on passe des tests pour savoir si on n’a pas le sida ou autres, il veut pas faire redescendre la pression. Je sais plus quoi faire… » Le pauvre Hargrove faisait pourtant profil bas ces derniers temps – ce qui était loin de lui ressembler d’ailleurs – et se pliait aux exigences de son amoureux, mais celui-ci semblait ne plus pouvoir le voir en peinture, ce qui le blessait profondément bien que ça ne se voie peut-être pas au premier abord. En attendant, pouvoir se livrer, lui permettait d’avoir un poids moins lourd sur les épaules et surtout sur sa conscience.

Est-ce que Billy aurait souhaité continuer ses études après le lycée ? Non, car bien qu’il ne soit pas idiot, il n’aimait pas trop l’école. C’était d’ailleurs pour ça qu’à l’époque il s’était fait engager comme maître-nageur à la piscine d’Hawkins. Bien sûr, ce n’était qu’un job d’été, mais il aurait probablement trouvé un autre boulot par la suite sauf qu’il n’avait guère pu le faire étant donné qu’il était mort le soir de la fête nationale. « C’est clair, même si j’avais pu je crois que je n’y serais pas allé ou alors si mon père m’y avait inscrit, j’aurais fait l’école buissonnière. » Ce qui n’aurait pas du tout plu à Neil évidemment et n’aurait guère arrangé leur relation déjà désastreuse. En tout cas, Hannah semblait plus heureuse désormais que lorsqu’il l’avait rencontrée peu après qu’elle soit arrivée en ville. Hargrove était ravi que son amie se sente mieux dans sa peau. Si aller à l’université lui convenait et lui faisait du bien, c’était génial pour elle. À son remerciement, le blond lui adressa un sourire pour toute réponse.

N'étant point au courant de la force de son sosie, c’était certain que le bad boy ne le craignait pas. Pour lui, Jason n’était donc pas une menace. De ce fait, il était saisi que la copine de son double s’en fasse pour lui s’il venait à se faire frapper par le jeune Scott. « Si tu le dis… » À ses yeux, la brunette était aveuglée par l’amour qu’elle éprouvait pour ce garçon. « Comme tu le sens. » Ce n’était pas à lui de décider si la demoiselle devait se montrer honnête ou non envers son petit copain. De son côté, le rebelle avait appris de ses erreurs passées et ne comptait pas mentir à Harrington. Ils s’étaient promis d’être toujours sincères.

Le fan de musculation se sentit coupable d’avoir offensé son interlocutrice il y a plusieurs mois en arrière. Il regrettait d’avoir eu ce geste déplacé, mais fut rassuré quand l’étudiante lui dit que ça allait mieux désormais et qu’il n’avait pas à s’en faire pour elle. « Tant mieux. » Fit-il en souriant, content qu’elle ne soit pas restée bloquée sur ça. Puisque la jeune fille voulut savoir pourquoi il avait tenu à la voir, le Californien lui indiqua brièvement avoir couché avec quelqu’un lorsqu’il n’était plus lui-même. « Ah t’es au courant de l’histoire alors… » Répondit-il en faisant une petite moue. Loin d’être bête, il imaginait très bien que Steve avait dû se confier au propriétaire des lieux. D’ailleurs, il croisa le regard noir de ce dernier, mais l’ignora puis expliqua à Hannah comment ça se passait depuis quelques jours à la maison. En gros pour le sportif c’était une horreur sans nom tant il n’en pouvait plus de cette ambiance pourrie. Il se retint de grimacer quand la brune indiqua comprendre l’état d’esprit du vendeur. Peu habitué à être tactile envers ses amis, le blond ne fit rien lorsque son interlocutrice tint sa main et la serra. Il se contenta de l’écouter sans l’interrompre. À un moment, il soupira, peu persuadé que ce que disait la demoiselle soit la réalité. En effet, il commençait sérieusement à douter. Il attendit qu’elle ait fini pour prendre la parole à son tour. « Je sais qu’il est jaloux déjà d’ordinaire, pourtant il sait très bien que je ne jure que par lui… Faith c’était qu’une erreur de parcours à cause de mon amnésie. Mais là, je suis pas certain qu’il passera outre ça. Je me demande même s’il m’aime encore. Je crois bien qu’il me hait. » Le pauvre blondinet était paumé et ne savait plus ce qu’il devait penser. « J’imagine que ça a dû le choquer oui, mais contrairement à toi, je suis pas sûr qu’il finisse par revenir vers moi. J’ai probablement tout foutu en l’air... » Ce qui le dégoûtait étant donné qu’il n’avait point cherché à causer du tort à son compagnon et que leur relation se dégrade de la sorte. Il n’était jamais tombé amoureux avant Harrington donc il l’aime sincèrement, mais là ça lui fait un mal de chien de le voir s’éloigner. « Le pire c'est que j'peux pas lui en vouloir même s'il finit par décider de tout arrêter. J'sais plus quoi faire du tout. » Il s'était excusé à maintes reprises, mais ça n'avait servi à rien. Il avait essayé de dialoguer avec le brun, ce qui s'était soldé par un échec. Maintenant, il se faisait aussi petit que possible et ça ne fonctionnait pas mieux.