Sauvetage en coup de foudre { Alicia

Depuis plusieurs mois, mon petit frère que je surnomme tendrement Pépito depuis l’enfance est porté disparu. Une partie de moi est comme morte ou éteinte depuis… Mes parents avaient engagé un détective privé pour le retrouver, mais ça n’avait pas donné grand-chose malheureusement. De mon côté, je ne pouvais rester les bras croisés. J’avais donc lancé des avis de recherche sur internet et imprimé des affichettes que j’avais collées dans notre ville. Puis, puisque je savais dans quelle ville mon cadet était parti la veille de sa disparition, j’y avais emménagé en me disant qu’il était peut-être toujours là-bas. C’était hors de question que je lâche l’affaire, encore pire depuis que j’avais eu rapidement de ses nouvelles par messages. C’était d’ailleurs à ce moment-là que j’avais tout fait pour me trouver un boulot et un appart. Oui, j'étais bien déterminée à retrouver la trace d’Alessio maintenant que j'avais connaissance du fait qu’il n’était pas décédé contrairement à ce que pensent ses amis – ceux qui l’avaient vu en dernier. Je n’ai jamais vraiment eu confiance en ces personnes, eh bien, c’est encore moins le cas désormais vu qu'ils font passer mon frangin pour mort auprès de tout le monde. Je ne sais pas pourquoi ils propagent cette rumeur, mais ça ne me plaît absolument pas !

Comme je le disais, j’avais réussi à me trouver un travail, je suis infirmière à l’hôpital, même si je ne compte pas le rester éternellement. En effet, j’ai d’autres projets pour mon avenir étant donné que j’aimerais devenir biologiste si j’y arrive. Aujourd’hui, ne bossant pas, j’allais faire comme d’habitude et profiter de mon temps libre pour continuer les recherches. Habillée assez chaudement, mes affiches dans les mains, je sillonnais les rues de la ville et faisait ma distribution tout en demandant aux passants s’ils n’avaient pas vu Alessio. Pour l’instant, ça ne portait pas encore ses fruits, mais je n’allais pas me décourager, il fallait à tout prix que je retrouve sa trace puisque la police et le détective privé n’étaient pas foutus de mettre la main sur lui depuis tout ce temps. Ce qui me rendait complètement folle ! Il n’avait pas pu se volatiliser comme par magie. Le pire c’était que les forces de l’ordre croyaient qu’il avait voulu disparaître volontairement, ce qui me laissait penser qu’ils ne devaient pas se casser la tête pour le rechercher. En songeant à ceci je soupirai.

Arrivant aux abords d’un café, je jetai un œil à l’intérieur et remarquai qu’il y avait du monde qui s’y trouvait. Sans réfléchir, je m’y rendis. Petit un, ça allait me permettre de me réchauffer un peu, deuxièmement j’allais pouvoir interroger les clients et pour finir je me commanderais peut-être une boisson chaude pour faire une pause puisque ça faisait des heures que je marchais tout en donnant mes affiches aux gens. Je me dirigeai vers la table la plus proche de moi où étaient installés deux jeunes hommes qui devaient avoir à peu près mon âge à première vue. « Bonjour. » Les saluai-je poliment tout en leur offrant un mini sourire. « Hey ! » Me répondit le garçon de couleur en tournant la tête vers moi. « Salut ! » Fit son ami. Tous les deux me regardaient maintenant d’un drôle d’air – même si je ne m'en rendais pas compte tellement j’étais focalisée sur ce que j’allais leur demander. Excusez-moi de vous déranger… » Je n’eus pas le temps de finir ma phrase que le premier me coupa la parole, ce que je ne trouvais pas très poli. « Tu ne nous embêtes pas ma jolie. » Je n'aimais pas trop cette familiarité alors qu'on ne se connaissait pas, mais je gardai ça pour moi. « Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ? » « Eh bien, je cherche mon petit frère Alessio. Ça fait plusieurs mois qu’il est porté disparu. Sa dernière localisation était dans cette ville. Vous ne l’auriez pas vu par hasard ? » Demandai-je en me penchant vers eux pour leur montrer mon avis de recherche. Tous deux se rapprochèrent et passèrent un bras autour de moi. « Ça me dit quelque chose, pas toi ? » Fit le rasé à son pote. « Ah oui ! Il me semble qu’on l’a croisé un peu plus loin il y a quelques minutes de ça. » « C’est vrai ? » Fis-je avec les yeux pétillants, contente d’avoir enfin un début de piste. Ce qui me redonnait davantage l’espoir de revoir mon cadet. « Oui, oui. On va te montrer. » Naïvement, je ne voyais pas clair dans leur jeu.

Le duo d’amis m’entraîna donc à l’extérieur. Je pensais qu’ils allaient me conduire jusqu’à l’endroit où ils avaient aperçu mon frère, mais assez fermement les deux garçons me maintinrent et m’emmenèrent au fond de la ruelle juste à côté du petit bar. Là, je réalisai ce qui était en train de se tramer, mais malheureusement j’étais totalement tétanisée, apeurée. Au point que je n’arrivais même pas à ouvrir la bouche. L’un d’eux attrapa ma chemise à rabats ainsi que mes affiches et les jeta sur le sol tandis que l’autre me gardait collée contre le mur et commençait déjà à poser ses mains sur moi. Il défit la fermeture Éclair de mon manteau et glissa ses sales pattes sous mon pull, ce qui m'arracha une grimace de dégoût.

Jamais il ne me serait venu à l’esprit que quelqu’un poserait ses mains sur moi alors que je m’acharnais à vouloir retrouver la trace de mon petit frère adoré. Comme quoi les gens sont fous de nos jours… Comment peut-on oser s’attaquer à une jeune fille bien sous tous rapports qui ne cherche absolument pas les histoires ? Déjà qu’ayant cette tendance à être timide parfois, je prenais vraiment sur moi pour aller vers les gens et demander s’ils n’avaient pas croisé la route d’Alessio, ça n’allait probablement pas s’arranger maintenant qu’on s’en prenait injustement à moi.

Comme je n’arrivais plus à bouger, je patientai le temps que le sale moment passe, que ces garçons terminent de s’amuser et s’en aillent. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’un autre débarque. L’espace d’un instant, je fus effrayée à l'idée que ce ne soit un de leurs potes, mais apparemment ce n’était pas le cas puisqu’il semblait énervé et leur ordonnait même de me lâcher. Je retins un soupir de soulagement tout en me disant qu’il y avait encore de bonnes personnes sur Terre et que tous les hommes n’étaient pas des salauds contrairement aux deux énergumènes qui s’excitaient sur moi comme s’ils n’avaient jamais vu ou touché une fille de leur vie. Mon Dieu, ce qu’ils pouvaient être pathétiques ! De mon côté, j’étais trop abasourdie pour réussir à faire le moindre mouvement, mais mes yeux ne parvenaient plus à se détourner du beau brun qui semblait prendre à cœur le fait de vouloir me venir en aide. Bien sûr, je ne savais pas ce qui le poussait à agir ainsi, mais j’avais peur pour lui à présent puisqu’ils allaient être deux à se liguer contre lui et que moi j’étais incapable de lui prêter main-forte.

Ne pouvant me retenir, lorsque le garçon de couleur me lâcha et s’éloigna, je laissai s’échapper un long soupir avant de prendre une grosse inspiration. Je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à maintenant, mais je tremblais comme une feuille et j’avais du mal à respirer correctement. Sans doute que j’étais en pleine crise d’angoisse. Il n’y avait probablement rien d’étonnant à cela, vu qu’on avait violé mon espace vital. Je ne perdais pas une miette de la bagarre qui se déroulait devant moi, même si je n’aimais pas assister à ce genre de chose, mais je ne pouvais m’empêcher de m’en faire pour mon sauveur. J’avais envie de lui hurler de faire attention, mais j’avais déjà du mal à reprendre une respiration correcte alors ce n’était pas vraiment possible pour moi de m’époumoner. En entendant le « crac » qu’avait fait le bras du type au crâne rasé, un petit cri sortit de ma gorge suivie d’une grimace. Il avait certes mérité ce qui lui arrivait, mais ma réaction était instinctive puisque j’aurais eu la même face à n’importe qui qui aurait le bras cassé, surtout que ce bruit était tout simplement immonde et venait de m’arracher des frissons.

Mes mains étaient toujours prises de gros tremblements assez gênants, alors je les fourrai dans mes poches espérant ainsi que ça allait se calmer. J’ouvris la bouche en grand quand j’entendis le dernier arrivé menacer le duo de les tuer s’ils osaient recommencer leur petit manège avec d’autres filles. Je ne savais pas du tout comment réagir face à ceci. J’étais à la fois choquée, touchée et reconnaissante envers lui d’avoir réussi à me débarrasser de ces voyous qui auraient fait Dieu sait quoi avec moi si personne n’était intervenu. Cependant lorsque le brun vint vers moi et posa sa main sur mon épaule, je me figeai, un peu mal à l’aise. Pourtant je voyais bien qu’il n’avait pas l’air de vouloir s’en prendre à moi, mais il avait déjà de la chance que je n’aie pas eu de mouvement de recul suite à ce qui s’était produit il y a quelques minutes de cela. Surtout que je revoyais le sourire des deux autres, ça allait probablement rester gravé dans ma mémoire pendant un bon moment.

Au ton de la voix de mon sauveur et à ce qu’il me disait, je sentais qu’il s’inquiétait réellement pour moi, ce qui me fit chaud au cœur. Je me détendis un peu plus lorsqu’il se présenta à moi. S’il avait de mauvaises intentions, il ne prendrait pas la peine de me donner son prénom, sauf s’il l’avait inventé, mais quelque chose au fond de moi, me laissait penser que ce n’était pas ça. « Wolf comme un loup ? » Furent les premiers mots qui sortirent de ma bouche en même temps qu’un petit rire que je n’avais pas réussi à retenir. « Je m’appelle Alicia. » Finis-je par dire en esquissant un mini sourire. Puis je repensai à ce qu’il m’avait demandé juste avant. « M’asseoir oui, mais pas ici. C’est crade. » Fis-je remarquer alors que mon regard s’attardait sur le sol de la ruelle cette fois. « Je veux bien retourner à l’intérieur et prendre une boisson chaude… » Rajoutai-je en relevant la tête. Il avait sans doute raison, je serais probablement mieux installée là-bas, bien que maintenant je craignais que d’autres hommes aient des idées mal placées me concernant. En croisant le joli regard du brun qui me paraissait vraiment anxieux, je fus un peu gênée et même intimidée. Si bien que je détournai les yeux et c’est là que je vis mes affichettes par terre qui étaient en piteux état suite à la rixe qui avait eu lieu ici. Je soupirai et fis une moue triste. Je n’aurais plus qu’à imprimer d’autres avis de recherche étant donné que ceux-là devaient être fichus. Tout en marchant doucement pour me rapprocher de ma pochette cartonnée et du reste, je pris de nouveau la parole. « J’aime pas la violence, mais merci beaucoup d’être venu m’aider et de les avoir fait partir… » Dis-je vraiment reconnaissante qu’il m’ait sortie de ce traquenard.

Bien que j'étais toujours choquée que ces deux jeunes hommes aient osé me toucher sans mon consentement, j’arrivais encore à ne pas prendre mes jambes à mon cou alors que cet autre garçon me faisait la conversation. Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis la plus à l’aise en sentant sa main sur mon épaule, mais au moins je ne le repousse pas ce qui est sans doute déjà pas si mal vu les circonstances. En plus de ça, découvrir son surnom me fait sourire et même rire, car je trouve cela très amusant. Surtout que le loup est un très bel animal, il fait partie de mes préférés parmi les bêtes sauvages. Ensuite, le brun m’expliqua que Wolf était le diminutif de Wolfgang et l’histoire de son prénom. « Hum je vois. Est-ce que ça veut dire que tes parents apprécient ce genre de musique ? » Pour ma part, ce n’était pas trop mon style, mais mon père et ma mère eux aiment bien la grande musique comme ils appellent ça. « OK. Entendu Wolf. » Répondis-je en souriant tendrement. C’est vrai que moi aussi je préfère son petit nom qui est cool. Puis, ce fut à mon tour de me présenter. « Moi de même. » Fis-je quand mon interlocuteur m’indiqua être enchanté. Bien que je me sentais encore chamboulée par la mésaventure que je venais de vivre, étrangement, je ne trouvais pas désagréable de discuter avec Wolf. Au contraire, j’avais l’impression qu’il me changeait déjà les idées et m’apaisait un peu, sans que je ne comprenne pourquoi.

J’eus un air dégoûté sur le visage en voyant à quel point cette ruelle était sale. C’était à croire que les gens la prenaient pour une porcherie tant il y avait des déchets en tout genre par terre. D’ailleurs, je me retenais de respirer à pleins poumons, car ça ne devait pas sentir la rose et je n’avais pas envie d’être davantage écœurée. Donc oui, comme l’avait suggéré mon « nouvel ami » on serait bien mieux à l’intérieur du bar pour s’asseoir. En revanche, j’espérais sincèrement que désormais on allait me laisser tranquille parce que je n’étais pas sûre de supporter une seconde fois des regards lubriques, des remarques déplacées ou autres choses de ce style. « Par contre, je ne voudrais pas abuser, mais tu pourras rester avec moi s'il te plaît ? » En effet, je ne me sentais pas de remettre les pieds là-bas seule. Je préférais donc être avec Wolf, ça me rassurerait un peu, même si on ne se connaît pas encore. Au moins, je sais qu’il arrivera à me protéger si j’en avais de nouveau besoin.

Ne comptant pas m'éterniser ici plus longtemps, je m’avançai vers la sortie de la ruelle, m’arrêtant à mi-chemin pour récupérer ce que les sales types avaient balancé sur le sol tout à l’heure. Je me baissai donc doucement et pris ma pochette après avoir remercié le brun non sans lui expliquer au passage que la violence n’était pas quelque chose que j’appréciais, mais j’avais bien compris que malheureusement il n’avait eu d’autre choix étant donné que les voyous n’étaient pas pour la communication. « Je sais, tu n'aurais pas réussi à avoir un dialogue avec eux… » Du moins, c’était comme ça que j’avais perçu la situation. Je souris en entendant Wolf m'indiquer qu’il ne supporte pas qu’on profite d'autrui. Ça me conforta dans mon idée qu’il devait être quelqu’un de bien. « Je comprends, moi non plus je n’aime pas ça… » Dis-je en continuant à ramasser les affiches abimées par terre. Mon interlocuteur m’aidait à reprendre mes avis de recherche. « Oui, mon petit frère. » Répondis-je en faisant un sourire triste, mais je ris à ce que dit ensuite mon sauveur. « Il faut croire que nos parents n’avaient pas assez d’inspiration pour faire plus original que ça. » C’est vrai que limite à cause de nos prénoms qui se ressemblent beaucoup on pourrait penser qu'on est des jumeaux, alors que ce n’était pas le cas. Je terminai de prendre les affichettes tout en continuant à discuter avec le bel inconnu. « Ce n’est pas de ta faute. » Fis-je tout d’abord en soupirant avant d’enchaîner. « J’ai encore le modèle sur mon ordinateur, je n’aurai plus qu’à les réimprimer, mais merci de proposer. » Cela me touchait qu’il tienne à m’aider à réparer les bêtises d’autres. En regardant une dernière fois le sol, j’eus un petit sourire satisfait, contente d’avoir au moins nettoyé le bazar de mes agresseurs étant donné que je n'aime pas voir les rues et la nature en général dans un tel état. « Il n’y a plus qu’à trouver une poubelle pour mettre tout ça dedans… » Il devait probablement y en avoir une pas loin en toute logique. Au pire si ce n’était pas le cas, je demanderais au personnel du bar si je pouvais jeter mes papiers chez eux. Il faudrait également que je passe par les WC pour me laver les mains puisqu’elles devaient être pleines de bactéries et autres cochonneries du genre.

En entendant le rire de mon interlocuteur, je ne pouvais que sourire grandement, appréciant ce son qui résonnait telle une douce mélodie dans mes oreilles. « D’accord. » Répondis-je simplement lorsqu’il m’indiqua qu’il ne pensait pas que ses parents soient fans de Mozart. Ce n’était donc pas en référence à ce grand Monsieur que le brun ici présent portait le même prénom que lui. Puis je souris de nouveau quand il me dit adorer le rock et le métal. « Je ne connais pas grand-chose au métal, même si j’apprécie quelques morceaux. J’aime beaucoup le rock moi aussi, bien que j’écoute également de la pop et de la vérité entre autres. » En revanche, il y a certains styles musicaux que je déteste comme le jazz et le classique par exemple.

Je ne savais pas pourquoi, mais la simple présence de ce garçon m’apaisait et me rassurait. C’était peut-être parce qu’il n’avait pas hésité à voler à mon secours sans même me connaître. Ça expliquait sans doute pourquoi je me sentais à peu près bien à ses côtés, bien que j’aie toujours cette crainte que d’autres puissent me vouloir du mal. Je n’avais pas du tout aimé la sensation des mains de ces deux gars sur mon intimité ou encore au niveau de mes seins. « Merci. » Bredouillai-je en offrant un petit sourire en réponse à celui de Wolf. Pour moi, il était tel un ange tombé du ciel venu me sortir d’une mauvaise passe. Ce pour quoi je lui devais d’ailleurs une fière chandelle. Les malotrus étaient au centre de notre conversation. Je grimaçai lorsque le brun m’indiqua que c’était comme ça avec des individus de ce genre. « J’espère oui qu’ils ne feront plus d’autres victimes. » Je disais cela, pourtant j’avais du mal à y croire. En général, ils n’en avaient que faire et recommençaient encore et toujours, se fichant bien des traumatismes que ça pourrait laisser à ces filles – et peut-être à moi aussi.

De ce que j’avais pu remarquer jusqu’ici, j’aimais bien la personnalité de mon sauveur. Il avait vraiment l’air d’être un chouette type, ce qui me donnait envie d’en découvrir plus sur lui. Mais pour l’instant, c’était lui qui s’intéressait à moi visiblement vu qu’il paraissait amusé par le fait que nos parents nous aient choisi des prénoms presque similaires à mon cadet ainsi qu’à moi-même. J’eus un petit sourire lorsqu’il m’indiqua aimer cela. « Je pense oui. En tout cas, Alessio m’avait prévenu qu’il allait être ici pour faire la fête avec ses potes… Quelque temps après, j’ai reçu des SMS de sa part où il me confirmait bien être dans cette ville. C’est pour ça que j’y ai emménagé. » Expliquai-je avant de marquer une légère pause. « Oui, je viens de le réaliser. » *À mes dépens* Pensai-je sans toutefois le dire à voix haute. J’aurais tellement préféré ne pas subir ces attouchements, malheureusement on ne m’avait pas demandé mon accord. Tandis qu’on ramassait tous mes avis de recherche fichus, je souris tendrement à Wolfgang qui avait gentiment proposé de me prêter main-forte pour faire de nouvelles affiches. « T’en fais pas, ça ira. » Assurai-je en gardant mon joli sourire. En tout cas, c’était vraiment adorable de sa part alors qu’il m’avait déjà bien aidée il y a quelques minutes. On venait de terminer de récupérer mes affichettes au sol et je cherchais où les jeter, mon protecteur m’emmena jusqu’à la poubelle la plus proche. « Ah super ! » Je me débarrassai donc des papiers souillés.

Nous fîmes ensuite notre entrée dans le bar où j’étais tout à l’heure. J’évitais d’observer les personnes qui s’y trouvaient, ayant peur des regards qu’ils pourraient poser sur moi. Pour l’instant, j’étais encore debout, je recherchais des yeux les sanitaires. En entendant que mon nouvel ami s’adressait à moi, je reportai mon attention sur lui. « Euh… je sais pas. » J’essayais de vite réfléchir, même si je n’avais pas la moindre idée de ce que je pourrais boire en fait. Je sortis le premier nom de boisson qui me passait par l'esprit. « Bonsoir, un diabolo s’il vous plaît. » Répondis-je au barman. « Bonsoir. À quel parfum ? » En voilà encore une bonne question. « Vous avez quoi comme sirops ? » Demandai-je. « Menthe, grenadine, fraise, citron, cassis, banane, anis... et plein d'autres. Je continue ? » Je fis une petite moue de réflexion avant d’enfin me décider. « Au cassis merci. » « Très bien. » « Par contre, vous auriez des toilettes s’il vous plaît ? » « Bien sûr. Tout au fond à droite. » « Merci. » Là, je tournai la tête, mais quand je vis la distance à parcourir et le nombre de personnes que j’allais croiser en chemin, je n’étais pas sereine. « Tu veux bien m’accompagner s’il te plaît ? » Je me sentais idiote pour le coup de réclamer au brun de m'escorter jusque là-bas, mais je n’avais pas la conscience tranquille, pas encore remise de ce qui s'était produit un peu plus tôt.  

Avec mon sauveur, nous étions en train d’échanger concernant nos goûts musicaux. Je ne savais pas si ça pouvait paraître étrange, mais avoir une discussion comme celle-ci me faisait du bien. Sans doute parce qu’elle parvenait à me changer les idées, même si ça ne durera peut-être pas longtemps… « Ça dépend ce que tu entends par grande musique. » Répondis-je tout d’abord en souriant avant de rajouter. « Si tu fais référence au classique, en fait non je n’aime pas du tout ! C’est pareil pour le jazz. Je suis incapable d’en écouter. » Il y avait probablement d’autres styles à citer, mais là, je ne les avais pas en tête. « Et toi il y a des choses que tu n’apprécies pas dans le domaine musical ? » Me renseignai-je afin de voir si mon interlocuteur était comme moi ou non. En toute logique, je me disais que ça devrait être le cas.

Pour moi, c’était on ne peut plus normal que je remercie le brun qui m’avait prêté main-forte alors que j’avais cruellement besoin d’aide. Sans lui, j’aurais pu être violée ou me faire tuer, mais il vaudrait peut-être mieux que j’évite de songer à ceci, car ça allait me rendre mal. Plus que je ne l’étais déjà. « T’as l’air bien sûr de toi ! » Fis-je remarquer à Wolfgang. Pour ma part, je n’étais pas aussi certaine que lui que ces deux hommes qui m’avaient touchée allaient arrêter de s’en prendre aux femmes. Certes, ils avaient dû avoir une sacrée frousse, mais une fois celle-ci passée, ils seraient bien capables de reprendre leur activité écœurante. Peut-être que je devrais aller porter plainte contre X afin d’éviter qu’ils ne continuent pas ? Sauf que, ça ne servirait probablement pas à grand-chose étant donné que je ne connaissais pas l’identité de ces personnes. Donc, il y avait peu de chances que la police mette la main sur eux.

Lorsque Wolf me demanda si mon frère se trouvait bien dans cette ville, je hochai doucement la tête en souriant. Sauf que je perdis mon sourire quelques instants après à cause de ce qu’il supposait. « J’en suis à peu près sûre, car j’ai reconnu ses tournures de phrases et sa façon d’écrire. » Il ne pouvait donc s’agir que d’Alessio. Du moins, à condition qu’une personne n’ait pas volé son portable et étudié sa manière de s’exprimer afin de me manipuler. Non, je ne voulais pas croire cela. Ce serait trop horrible si c’était le cas et puis il ne fallait pas que je perde espoir de le retrouver un jour prochain. Je fis la moue en repensant à ce qui m’était arrivé il y a quelques minutes avant que je réagisse à l’intervention de mon interlocuteur. « Tu veux dire que ce bar regorge de gens peu fréquentables ? » Ce n’était pas l’impression que j’avais eue tout à l’heure, mais il est vrai que je n’y étais restée que très peu de temps. Sûrement pas assez pour juger de la clientèle qui s’y trouvait, mais j’allais pouvoir le constater par moi-même d’ici peu.

Après avoir récupéré mes affaires et jeté ce qui devait l’être, je retournai dans le café accompagnée cette fois par le brun. Je n’étais pas hyper à l’aise, il faut bien l’avouer, alors heureusement que mon sauveur était là. Une fois la commande passée, il fallait que je me rende aux toilettes, mais je ne me sentais pas tranquille, certainement encore trop perturbée par ce que j’avais subi tout à l’heure. Je comprenais totalement la réaction de Wolfgang qui devait me prendre pour une folle, vu son étonnement, mais c’était impossible pour moi d’avancer seule jusque là-bas en traversant le bar alors qu’il y avait pas mal de monde. « Oui. » Répondis-je doucement à la question de mon nouvel ami. À sa réponse, j’esquissai un petit sourire. « Merci. » J’étais rassurée qu’il accepte de m’escorter. Bien qu’un peu surprise qu’il prenne ma main dans la sienne, je la laisse en place pendant qu’on marche pour aller aux sanitaires. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire à cause de ce que venait de me dire le brun. « D’accord, si tu veux oui. » C’était marrant qu’il me parle de papillons et de bonbons, surtout que je ne comprenais pas pourquoi je devrais imaginer des bonbons autour de moi, mais après tout si ça pouvait m’aider en plus de prendre de grandes inspirations pour évacuer mon anxiété. « C’est déjà très bien, merci. » Dis-je en lui souriant alors qu’on se trouvait devant la porte des WC. Je secouai doucement la tête. « Je crois que ça ira, mais si besoin, je n’hésiterai pas à te parler. » Lui promis-je en récupérant ma main. Puis, je le délaissai le temps d’aller assouvir un besoin naturel. Je soufflai un grand coup, seule dans la cabine. Ensuite, je pris le temps de respirer, car j’avais comme la sensation d’être en apnée depuis tout à l’heure. Je fis donc ceci pendant au moins une minute avant de m’essuyer et me rhabiller. Juste après, je m’arrêtai devant un lavabo que j’ouvris. J’imbibai d'eau le papier que je tenais avant d’y mettre une goutte ou deux de savon liquide puis je frottai ma pochette cartonnée qui était comme plastifiée. En effet, pour moi, elle devait être bourrée de microbes vu qu’elle était tombée par terre dans cette ruelle dégoûtante. Je jetai à la poubelle le papier souillé puis je me lavai les mains avant de les sécher. Je repris une autre feuille de papier absorbant pour éponger au maximum ma pochette avant de le mettre à recycler. Quand je fus satisfaite, je sortis - avec mes affaires sous le bras -, me retrouvant dans le couloir.