Quand l'appétit va tout va ! Ou pas du tout... { Blue, Alicia & Wolf

La soirée jusqu’à maintenant avait été sacrément riche en émotions. J’étais néanmoins contente d’une chose : avoir pu constater que mon frère était toujours en vie – du moins en tant que vampire – et qu’il allait bien. En revanche, j’étais encore sonnée par le fait qu’il m’ait attaquée, car il n’avait pas réussi à se maîtriser. Bien que j’aie compris qu’il était devenu une créature de la nuit aux dents longues, je ne m’y étais pas totalement faite. C’était une pilule assez dure à avaler. Surtout que j’ai toujours eu un esprit très terre-à-terre. En effet, pour moi jusqu’à tout à l’heure, rien de surnaturel ne pouvait exister. Comme quoi je m’étais bien trompée. À cause de la conversation entre les trois autres, j’avais deviné que Wolf et son ami n’étaient pas de simples humains et qu’ils cachaient quelque chose. Cependant, je n’avais pas réussi à réaliser ce qu’ils pouvaient être. OK, j’avais très nettement capté le mot meute durant les échanges verbaux, donc ça me laissait imaginer qu’il y avait quelque chose de canin dans l’air, mais ça me paraissait tellement gros et fou ! Toutefois, c’était déjà énorme ce qu’était désormais mon cadet, alors pourquoi continuer à m’étonner ? Si Blue et Wolfgang ne se changeaient pas en chiens, je songeais au fait qu’ils pouvaient être des loups-garous étant donné que j’avais entendu parler de transformation, mais il y avait également autre chose qui m’avait attrapé l’oreille : le surnom de "loup" qu’Alessio avait donné à son copain.

Avant que ces deux-là ne s’en aillent, j’avais été rassurée par le fait qu’ils m’aient indiqué que je pouvais communiquer avec mon frangin en passant par le téléphone d’Olcan. J’avais trouvé ça très sympa de la part de ce dernier, bien qu'il n'ait fait qu’être d’accord avec la proposition de son meilleur ami. D’ailleurs, il faudrait que celui-ci me transmette le numéro de Blue, mais pour l’heure j’allais d’abord terminer la sucrerie que j’étais en train de manger grâce à Wolf qui me l’avait gentiment donnée. Ce n’était pas grand-chose, mais ça faisait du bien d’avoir au moins un petit quelque chose dans le ventre, même si ça sera mieux que je prenne un vrai repas et que je me repose pour me remettre de mes émotions. Je cherchais du regard une poubelle, la localisant assez rapidement, je marchai dans sa direction afin d’y jeter l’emballage de la barre chocolatée puis je revins près du brun et me raclai la gorge avant de prendre la parole. « J’imagine que nos projets tombent à l’eau… » Dis-je en pinçant mes lèvres entre elles. « Je ne sais pas ce que tu vas vouloir faire, mais j’vais déjà aller me changer. » Je n’allais pas rester avec ma blouse sur le dos et les sabots aux pieds. « Je n’en aurai pas pour très longtemps, donc tu peux patienter devant la salle réservée au personnel s’il te plaît. » Si je lui faisais cette requête, c’était parce que j’aimerais au moins lui dire au revoir si jamais il préférait écourter la soirée. Ce que je comprendrais aisément vu ce qu’il s’était passé tout à l’heure.

Je quittai la salle dans laquelle on était pour aller dans une autre pas loin de celle-ci. Par chance, il n’y avait personne à l’intérieur. Ça allait ainsi éviter qu’on me pose des questions auxquelles je ne saurais quoi répondre, même s’il me serait possible de trouver une explication qui tienne la route. Je me rendis aussitôt dans la partie des vestiaires, j’ôtai ce dont je n’avais pas besoin puis j’ouvris mon casier pour y récupérer toutes mes affaires. J’enfilai directement ma veste ainsi que mes chaussures. Ayant un sac assez grand, je pus glisser à l’intérieur ma blouse remplie de sang afin de ne pas prendre le risque que quiconque l'aperçoive. Quant aux sabots, je les rangeai dans le casier avant de le refermer. Fin prête, le sac sur mon épaule, je sortis de la pièce et pus remarquer que Wolfgang était toujours présent, ce qui me fit sourire. « Tu as peut-être envie de rentrer chez toi… » Supposai-je sans être sûre de rien. « Si c’est le cas, je voulais te dire au revoir et encore te remercier d’avoir pris soin de moi la dernière fois et tout à l’heure aussi. » En effet, avant qu’on ne se voie, je tenais déjà à lui dire merci, car il m’avait bien soutenue le soir où nous nous étions rencontrés. Il m’avait aidée à ne pas céder à la panique suite à ce que j’avais subi. Chose pour laquelle je lui étais reconnaissante étant donné que sa présence à ce moment-là m’avait fait un bien fou.

J’étais encore chamboulée par tout ce qui s’était produit, mais également fatiguée. Ce qui était sans doute normal puisque j’avais perdu pas mal de sang… Mais d’un autre côté, j’étais soulagée d’avoir pu revoir mon frère, même si j’aurais préféré que ça se passe dans d’autres conditions. Et puis, je me sentais aussi déçue parce que malheureusement j'avais conscience que ce qu’on avait prévu avec Wolf n’allait pas pouvoir se faire ce soir à cause de mon état actuel. Enfin bref, beaucoup de sentiments se mélangeaient en moi, au point que je ne savais plus où donner de la tête. À ce que me dit Wolfgang, je ne pus me retenir de grimacer. Me sauver la mise ? Oui, ça semblait devenir monnaie courante, chose qui ne me plaisait pas particulièrement d’ailleurs. Ce que j’aimerais, ça serait qu’on puisse se voir sans qu’une tuile ne me tombe dessus, mais visiblement j’ai la poisse ces temps-ci. J’espère que ça finira par se calmer et que tout rentrera dans l’ordre bientôt. « Je préférerais ne plus avoir de soucis… » Répondis-je doucement avant de demander à mon ami de bien vouloir m’attendre. Je souris lorsque le brun accéda à ma requête.

Je laissai donc seul mister Rivers le temps pour moi d’aller aux vestiaires et de déposer certaines choses dans mon casier avant d’en récupérer d’autres. Je remis mes chaussures à mes pieds ainsi que ma veste sur mon dos. Une fois prête, je sortis et rejoignis Wolf qui avait eu la gentillesse d’attendre que je revienne vers lui. J’étais contente qu’il soit resté, ce qui devait se voir sur mon visage. Toutefois, je me demandais si le garçon ne désirait pas rentrer chez lui suite à la mésaventure de tout à l’heure. Mais avant qu’il ne me réponde, rapidement je le remerciai d’avoir été aux petits soins pour moi à deux reprises. Tout en écoutant mon interlocuteur, je ne pus faire autrement que de sourire, car j’étais touchée qu’il m’apprécie, qu’il ait envie malgré tout de passer le reste de la soirée à mes côtés et tienne à veiller encore sur moi. « C’est vraiment adorable Wolf. Tu sais, d’autres à ta place penseraient que je suis un boulet et m’auraient déjà dit bye bye. » Heureusement, ce n’était pas le cas là. Wolfgang ne semblait pas être une personne sans scrupules. « D’accord. J’espère que ça ira avec ta sœur… » Ce serait dommage qu’ils se disputent et se fassent la tête alors que d’après ce que j’avais compris Luna voulait juste protéger leur ami Blue et empêcher que d’autres l’embêtent par rapport à son orientation sexuelle. Je hochai la tête à la proposition du brun. « Oui, c’est une bonne idée. » Approuvai-je en lui offrant un tendre sourire. J’adore la pizza donc ça ne pouvait que me faire plaisir. D’autant plus que ça me fera probablement du bien d’en manger au calme à la maison.

J’observai l’espace de quelques instants la main que me tendait mon ami. Je finis tout de même par l’attraper et la serrer dans la mienne. « Je n’ai rien contre la marche, au contraire, mais je pense que ça vaudra mieux. » En effet, me sentant encore affaiblie, c’était préférable que je me ménage et qu’on ne prenne pas le risque que je fasse un nouveau malaise en chemin. Tranquillement, j'avançais vers la sortie de l’hôpital entrainant avec moi Wolf. Une fois dehors, en revanche, je le laissai me guider jusqu’à sa voiture, car je ne la connaissais pas et je ne savais pas où elle était stationnée.

Je me retenais de faire un commentaire, car Wolf venait de me promettre quelque chose qu’il ne pouvait guère maîtriser. Je ne lui en voulais pas étant donné que ça partait d’une bonne intention bien que je n’aime pas les promesses en l’air. Toutefois, je croisais les doigts pour qu’il ait raison. En effet, ça m’arrangerait fortement que les problèmes s’évaporent et me fichent la paix. Pour cause, en ce moment j’avais l’impression qu’ils ne cessaient d’en avoir après moi. Pourquoi la vie mettait-elle autant de bâtons dans mes roues alors que je ne suis pas une mauvaise personne et que je ne souhaite de mal à personne ? Je ne comprenais tout bonnement pas…

Changée et m’étant débarrassée de ma tenue de travail, je discutais avec Wolfgang, ravie qu’il ne songe tout simplement pas à rentrer chez lui dans l’immédiat. Pourtant, il aurait pu choisir de partir et de me laisser seule. Un sourire se dessina sur ma bouille d’ange suite au compliment que je venais de recevoir de la part du brun. « Merci. » Bredouillai-je doucement, intimidée. Par contre, quelques instants après, une petite moue apparut. J’étais tellement désolée que mon frère soit devenu cette créature, ce qui me faisait d’ailleurs toujours aussi bizarre. « C’est pas sa faute non plus… » Défendis-je, Alessio ne pouvant guère m’en empêcher. Après tout, s’il était un vampire désormais, c’était à cause d’un représentant de cette espèce qui l’avait transformé.

Un rire s’échappa de mes lèvres lorsque mon interlocuteur m’apprit que sa petite sœur n’hésiterait pas à l’envoyer balader si elle jugeait qu’il poussait le bouchon trop loin. Je me fis la réflexion que cette fille devait avoir un sacré tempérament pour ne pas se laisser marcher sur les pieds par son frère. « Ça vous arrive souvent ? Elle a un caractère comme le tien ? » Demandai-je, curieuse d’en découvrir davantage sur cette fameuse Luna qui semblait importante aussi bien pour le garçon ici présent que pour le copain de mon frangin.

La soirée n’était pas totalement perdue puisque mon ami avait songé au fait qu’on se fasse livrer de la nourriture une fois qu’on sera chez moi. J’approuvai, car toutes les émotions depuis tout à l’heure m’avaient donné faim. « D’accord. » Répondis-je simplement au brun en lui adressant en même temps un petit sourire. Ensuite, bien que j’aie un léger moment d’hésitation, je déposai ma main dans celle de mister Rivers qui préférait qu’on utilise sa voiture plutôt que d’aller à pied jusqu’à mon domicile. Certes, je ne vivais pas loin d’ici, mais dans mon état, c’était mieux que je ne présume pas de mes forces n’en ayant que peu actuellement.

Nous sortîmes donc de mon lieu de travail pour nous rendre au parking. J’eus un sourire quand nous fûmes arrivés au véhicule de Wolfgang qui faisait preuve de galanterie en m’ouvrant la portière. « Merci. » Dis-je en m’installant sur le siège passager. Je bouclai aussitôt ma ceinture afin de ne pas perdre de temps ni d’oublier de le faire. Ça serait dommage en cas d’accident, même si je ne voulais pas penser à cela, ne tenant pas à ce qu’un malheur de plus se produise aujourd’hui. « D’accord. C’est pas bien compliqué, tu verras. » Évidemment, je lui donnerai les recommandations au fur et à mesure qu’on progressera. « Tu peux suivre les panneaux qui indiquent le lycée et l’université. J’habite quasiment à côté d’eux. C’est pas loin d’ici en plus. » Je me retenais de grimacer suite à ce que venait de me dire le conducteur. « Désolée de t’avoir fait peur… » Sur le coup, n’ayant rien vu se profiler, je n’avais donc pas été effrayée contrairement à lui. Par contre, j’avais flippé quelques instants quand j’avais senti arriver le malaise dont j’avais été victime.

Si ça continuait ainsi j’allais finir par être rouge comme une tomate tellement les compliments du brun m’allaient droit au cœur. Je fus comme qui dirait soulagée par le fait que mon interlocuteur ne dise rien concernant mon petit frère. Celui-ci n’avait pas désiré devenir un vampire, alors non, on ne pouvait pas lui en vouloir d’être cette créature. Ensuite, me voilà intriguée que Wolf ne m’accorde aucune réponse aux questions que je lui avais posées à propos de sa frangine. Peut-être qu’il préférait ne plus parler d’elle… Très bien, je n’allais donc pas insister et juste accepter son choix. Main dans la main, nous quittâmes le centre hospitalier et nous rendîmes à pied jusqu’à la voiture de Wolfgang.

Une fois à l’intérieur du véhicule, j’indiquai - du mieux possible - au conducteur le trajet à effectuer pour aller jusque chez moi. Apparemment, mes explications ne devaient pas être si mauvaises que ça puisque le brun eut l’air de localiser à peu près le quartier dans lequel j’habite. « Ouf, ça va alors parce que je suis pas forcément trop douée pour expliquer les choses. » Je n’aurais donc point pu devenir institutrice ou faire carrière dans un métier de ce type. J’étais navrée que mon acolyte ait eu une sacrée frayeur à cause de ce qui s’était passé tout à l’heure. « Peut-être, mais je n’aime pas foutre la trouille aux autres… » Fis-je remarquer. En effet, je déteste inquiéter autrui bien que je sois en revanche du genre à m’en faire pour tout et rien concernant ceux que j’apprécie, me préoccupant de leur bien-être en toutes circonstances. Je tournai ma bouille vers le jeune Rivers et lui offris un tendre sourire après qu’il m’ait dit être content que je n’aie rien eu de grave. Moi aussi j’étais rassurée de m’en être sortie sans avoir eu plus de dégâts. Tandis qu’on était momentanément arrêtés, je hochai doucement la tête. « Ouais, une fois l’école dépassée, tu prendras la première à droite, puis tu continueras sur quelques mètres et ensuite toujours sur la droite tu trouveras le parking de ma résidence. » Dis-je assez rapidement avant que le feu se décide à repasser au vert. Un léger rire franchit mes lèvres. « Non, je suis pas encore fixée… Je verrai en regardant sur le menu. Et, toi, tu sais déjà ? » Demandai-je afin de découvrir ses goûts en matière de pizza, car je n’avais pas la moindre idée de ce qui pouvait lui plaire.

À peine deux ou trois minutes plus tard, je vis qu’on approchait de mon lieu de résidence. « C’est là ! » Indiquai-je à mon ami pour qu’il ait le temps de mettre son clignotant et de tourner pour venir se garer en bas de chez moi. Une fois à bon port, je décrochai ma ceinture puis ouvris ma portière afin de pouvoir sortir. Je refermai derrière moi puis attendis que le brun soit près de moi. Lorsqu’il fut à mes côtés, je me saisis de son bras avant de marcher en direction de l’immeuble. Vivant au rez-de-chaussée, je n’eus pas à aller bien loin pour rejoindre mon appartement. Je fouillai dans mon sac et y récupérai mes clés pour pouvoir déverrouiller mon logement. Dès que ce fut fait, je lâchai le bras de Wolf et l’invitai d’un geste de la main à entrer puis je claquai la porte derrière lui. Je me débarrassai de mon sac à main et de ma veste que j’accrochai au porte-manteau. Avant de passer au salon, je pris mon téléphone au cas où quelqu’un essaierait de me joindre.