Une première rencontre peu agréable (Stuart & Ellie)

Stuart se souvenait être monté dans le bus à la fin de son stage d’été chez Google en 2013, et puis pouf le gros trou noir. Il s’était réveillé dans un lit qui n’était pas le sien. Le reste du logement dans lequel il se trouvait ne lui disait rien non plus. Par contre en se baladant dans celui-ci, il remarqua accroché au mur un calendrier ouvert sur la page de juin 2023. Arquant un sourcil, dubitatif, il fouilla dans ses poches et en sortit son portable. Ce n’était plus celui qu’il avait avant, mais rien que sur l’écran de celui-ci il vit que la date concordait puisqu’on était le 30 juin aujourd’hui. *C’est quoi ce bordel ?* Pensa-t-il. Par chance, le code de déverrouillage du smartphone qu’il tenait était le même que celui qu’il utilisait auparavant. D’après la localisation indiquée sur l’accueil, apparemment il était arrivé dans une ville nommée Loading City. « De mieux en mieux ! » Lâcha-t-il à voix haute en comprenant qu’il n’était donc plus en Californie. En soupirant, le garçon remit son téléphone dans sa poche puis alla dans la salle de bains en se demandant comment il avait pu faire un bond dans le temps de dix ans. Est-ce que désormais il avait la trentaine ? Ça serait logique dans le fond, bien qu’il espère que non. Car sans ça, ça voudrait dire qu’il n’avait aucun souvenir de cette dernière décennie. Serait-il victime d’amnésie ?

Une fois dans la pièce d'eau, lorsqu’il vit son reflet dans le miroir, Stu lâcha un soupir de soulagement. En effet, il était bien content de ne pas avoir pris un coup de vieux. C’était déjà assez bizarre pour lui d’avoir été propulsé dans le futur et dans une ville dont il n’avait jamais entendu parler. Mais avant de songer à mener à l’enquête, le garçon fit un petit tour aux toilettes puis se doucha. Tout propre, il avait fini de se préparer puis était sorti s'aérer. Le geek avait besoin de visiter le coin pour pouvoir espérer trouver des indices afin de comprendre ce qui avait pu lui arriver.

Mister Twonbly avait donc sillonné Loading à pied, observant tout ce qu’il y avait autour de lui. Il ne reconnaissait strictement rien, mais cette ville lui paraissait normale à priori. Est-ce que d’autres gens vivaient la même chose que lui ? Il allait tâcher de se renseigner et d’en savoir plus.

Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis que le brun avait ouvert les yeux dans cet appartement où il n’y avait personne d’autre que lui. Il devait être à peu près la fin de l’après-midi désormais. N’ayant rien avalé de la journée, le pauvre garçon commençait à avoir très faim. Voilà pourquoi il s’apprêtait à entrer dans un bar qui d’après ce qu’il avait vu à l’extérieur servait également quelques petites choses à manger. Ne connaissant pas bien le secteur, Stuart se contenterait de ça faute de mieux. Il poussa donc la porte de l’établissement, mais au même moment une furie cherchait à en sortir. Le brun s’écarta pour la laisser passer, sauf que la fille ne marchait plus droit et vomit sur ses baskets. Visiblement, elle avait déjà trop bu. Ce qui était assez étonnant vu que l’heure du dîner n’était pas encore arrivée. Ou alors elle était là pour l’apéro, mais ne tenait pas bien l’alcool. « Génial ! Merci bien ! » Dit ironiquement Stu en affichant une moue de dégoût. Apparemment, le gérant des lieux ou le barman – le féru des nouvelles technologies ne saurait dire puisqu’il ne le connait pas – qui avait dû assister à la scène débarqua avec un seau rempli et une serpillère. Quelqu’un d’autre déboula avec plusieurs feuilles de papier absorbant. « Tenez pour rincer le plus gros de vos chaussures. » Fit la seconde personne. « Merci madame. » Dit-il à la femme avant de s'adresser à l’homme. « Excusez-moi, je me permets de tremper l’essuie-tout dans l’eau. » « Oh bien sûr ! Oui, allez-y jeune homme ! » Répondit le bonhomme tout en commençant à nettoyer le sol devant la porte d’entrée, puis il se tourna vers la rousse. « Vous feriez mieux de rentrer chez vous, mademoiselle ! Vous avez assez bu pour aujourd’hui ! » Twonbly était en train d’enlever au maximum le vomi sur ses baskets, mais en regardant vers la fille ivre, il remarqua que celle-ci peinait à se tenir debout. Bien que pas forcément ravi à cause de ce qui venait de se produire, il se releva, jeta le papier souillé dans la poubelle non loin d’eux puis se rapprocha de la rousse qui devait être à première vue un peu plus jeune que lui. « Vous savez si elle habite loin d’ici ? » Demanda le garçon à lunettes à l’homme qui passait la serpillère. « Non, voyez ça avec elle. » On dirait bien qu'elle n’était plus la bienvenue. Pour ce soir en tout cas.

Adieu le repas que Stuart comptait prendre à la base en arrivant là. « Bon, allez, viens avec moi. » Fit-il doucement en commençant à passer son bras autour de la fille qui avait une haleine chargée en alcool et lui arracha une grimace. Lui-même s’était déjà pris une sacrée cuite pendant son stage chez Google, donc il savait les dégâts que ça pouvait faire, bien qu’il n’ait pas était malade par chance. « J’espère que t'es encore assez lucide pour me dire où tu vis… » Il glissa son bras sous les épaules de la petite rousse afin de la soutenir au mieux pour qu’elle puisse avancer. « Alors, il faut prendre par où pour aller chez toi ? » Demanda-t-il dans le but de pouvoir s’orienter correctement. Il ne tenait pas à tourner dans tous les sens et être perdu, surtout qu’il ne connaissait pas trop la ville, ne l’ayant pas parcourue dans son intégralité.

Le jeune Twombly bien qu’agacé et écœuré par l’état de ses chaussures ne put s’empêcher de pouffer à cause de la répartie de la rousse qui l’amusait. Lui-même aurait pu parler ainsi à la place de cette fille. Elle ne se laissait pas faire et c’était tout à son honneur, mais d’un autre côté, il comprenait également le point de vue de l’homme qui était obligé de nettoyer derrière elle. En plus, elle avait eu le culot de prendre une photo pour mener à bien son plan machiavélique. Stu plaignait vraiment le bar ainsi que les personnes qui y bossent, car leur réputation risquait d’en prendre un sacré coup après ça. Malgré le fichu caractère que l’inconnue semblait avoir, Stuart décida de l’aider parce qu’il avait pitié d’elle.

Le garçon ne put retenir un rire malgré la façon dont il se faisait traiter. « Les deux si tu veux, mais pitié t’as pas une référence de superhéros moins naze et plus récente que ça ? Superman, franchement ! » Râla le brun qui trouvait ce personnage dépassé, et surtout plus à la mode depuis longtemps – selon lui en tout cas. La suite en revanche ne fit plus marrer le féru de nouvelles technologies, il afficha même une moue de contrariété. « Quoi ? Mais t’es complètement siphonnée ! Même si on me payait très cher je coucherais pas avec toi ! » Petit un parce qu’elle était bourrée, mais aussi parce qu’il n’était pas du genre à abuser des filles. Encore moins dans ce cas présent où ce serait dégueulasse de profiter de l’état d’ébriété plus qu’avancé de la rouquine. Et enfin, étant vierge, ce n’était pas de cette façon que Stuart souhaitait avoir sa première expérience sexuelle.

Visiblement celle qui avait trop bu d’alcool avait envie de s’amuser en faisant tourner en bourrique Stu. Celui-ci soupira et s’arrêta – continuant à la soutenir malgré tout, se demandant pourquoi il avait tenu à lui venir en aide au final alors qu’elle le prenait pour un idiot ? « Fini de jouer ! Continue à jouer avec mes nerfs et j’te laisse te faire ramasser par les flics qui t’enfermeront en cabane ! » Menaça-t-il, en ayant marre de son comportement de gamine. Surtout qu’il ne parlait pas dans le vide puisqu’il avait vu plus loin des agents de police, donc c’était fort possible que ceux-là embarquent la petite rousse si le garçon à lunettes la laissait en plan dans la rue. « Pour moi Dieu c’est Mark Zuckerberg, ça te va ? » Traduction, il n’était pas croyant et se fichait totalement de ce qui se rapprochait de près ou de loin à la religion. « Bon, j’espère que tu racontes pas une énième connerie… » Dit-il en reprenant la marche dans la dernière position indiquée par son interlocutrice en priant pour que ce soit vrai cette fois, car il n’aimait pas qu’on fasse joujou avec lui de la sorte. « Et évite de renvoyer la classe sur moi une seconde fois s’te plaît. » Mieux vaut prévenir que guérir comme on dit.