Rencontre étrange { Ziggy

Ziggy s’était réveillée toute seule dans cette ville dans une chambre qu’elle ne connaissait pas. Lorsqu’elle en était sortie pour explorer, elle s’était rendu compte qu’elle se trouvait dans un appartement assez miteux. Elle n’était donc pas dans la maison familiale avec sa mère – puisqu’elles n’étaient plus que toutes les deux depuis la mort de Cindy. D’ailleurs, la pauvre Christine depuis son arrivée à Loading City avait complètement oublié le fait qu’elle devrait normalement être âgée d’une trentaine d’années. Pour elle, dans son esprit, elle avait toujours 16 ans et venait d’enterrer sa frangine quelques jours plus tôt, alors que non, elle avait vécu tout ceci depuis bon nombre d’années. En plus d’avoir perdu la mémoire – ce dont elle n'avait absolument pas conscience, elle avait retrouvé son corps d’adolescente. C’était donc dur pour la jolie rousse de se retrouver en solo dans une ville qu’elle ne connaissait même pas. Surtout qu’elle allait devoir trouver une solution pour parvenir à subvenir à ses besoins et payer le loyer de son logement, aussi minable soit-il.

Malgré la panique qui s’emparait d’elle, la jeune fille se disait qu’il fallait qu’elle fasse quelque chose. Dans sa modeste demeure, elle n’avait pas trouvé grand-chose d’intéressant en dehors de son portefeuille qui contenait très peu d’argent, sa carte d’identité et des photos de famille. Ce n’était pas avec ça qu’elle allait réussir à survivre. Miss Berman prit donc ses clés et quitta son appartement pour aller visiter cette ville encore inconnue. Déjà, elle aimerait connaître le nom de celle-ci pour savoir où elle avait pu atterrir. En sortant de son immeuble, la miss marcha un bon moment tout en regardant partout autour d’elle, décidément rien ne lui paraissait familier dans le coin. Sans savoir où aller précisément, elle finit par se rapprocher du centre-ville et y découvrit plein d’affiches sur lesquelles était noté un nom « Loading City » c’était donc ainsi que se nommait cet endroit ? Afin d’en être sûre, la demoiselle stoppa une autre fille un peu plus âgée qu’elle qui passait par là et se racla la gorge. « Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, ça va vous paraître bizarre que je vous pose cette question, mais comment s’appelle cette ville ? » La passante aux cheveux châtains en partie cachés sous un bonnet regarda Ziggy et se mit à rire. « Bonjour. Non, ce n’est pas bizarre. Moi-même il y a quelque temps je me suis retrouvée là sans aucune explication. Ici, on se trouve à Loading City. Tu viens de débarquer, j’imagine ? » La petite rousse hocha la tête. « Alors bon courage. Si jamais tu as besoin d’aide ou juste en recherche de bonne musique, je bosse dans une boutique de disques du centre commercial. Et si tu me cherches, moi c’est Steph. » Fit-elle en souriant à la nouvelle venue. « OK, merci pour les infos. Moi c'est Ziggy. Je passerai peut-être à l’occasion faire un tour. » Après un dernier sourire, la plus âgée continua sa route, laissant seule l’adolescente. Cette dernière reprit sa balade et ses pas la menèrent jusque dans un parc où il n’y avait pas grand-monde. Pourtant à première vue celui-ci était joli avec sa fontaine que Ziggy voyait au loin. Alors qu’elle s’en rapprochait tranquillement, elle passa près d’un bâtiment – qui d’après les symboles sur les portes semblait servir de toilettes publiques, mais c’est là que quelqu’un lui sauta dessus, la plaqua face contre le mur et se mit à foutre ses mains partout sur elle. Bien entendu ça ne lui plaisait absolument pas. « Eh, mais ça va pas ? Vous avez fini de me tripoter oui ! » Gueula-t-elle alors qu’elle n’avait même pas encore vu cette personne qui râlait parce qu’elle n’avait pas d’arme sur elle. Christine sans chercher à comprendre voulut lui faire lâcher prise alors, ne voyant pas d’autre solution, elle bascula assez fort sa tête en avant avant de la faire partir vivement en arrière, la cognant contre celle de son agresseur. Apparemment surpris par son coup, le garçon la lâcha enfin. « Non, j’ai pas d’arme ! Pourquoi vous comptiez faire quoi avec ? Me tuer ? » Dit-elle juste avant de se retourner en vitesse. Lorsqu’elle vit enfin de quoi avait l’air le gars, elle fut choquée et ouvrit grand la bouche avant de sentir son cœur cogner dans sa poitrine. « Niiiick ?! Mais t’es là aussi ?! » Revoir le mono lui fit l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Oui, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, il y a quelques jours de ça, il lui avait fait beaucoup de peine en refusant de la croire lorsqu’elle avait parlé de la malédiction et de Sarah Fier. Pourtant elle aurait aimé qu’il la soutienne et qu’il confirme ses dires auprès des forces de l’ordre, ce qu’il n’avait absolument pas fait. Suite à cela, elle avait décidé de ne plus le revoir étant donné qu’il l’avait grandement déçue. « J’te préviens, n’essaie même pas de remettre tes mains sur moi Goode ! » Sortit-elle alors que cette fois, la colère qu’elle avait à son égard remontait à la surface. Tout un tas de sentiments et d'émotions était en train de l'envahir juste parce qu'elle se retrouvait de nouveau en présence du brun dont elle avait eu le malheur de tomber amoureuse.

Ziggy était tranquillement en train de partir à la découverte de cette ville qui ne lui disait absolument rien. Heureusement en chemin elle avait appris le nom de cet endroit. Elle l’avait tout d’abord vu sur des affiches, mais en avait eu la confirmation par une autre fille. Malheureusement, celle-ci semblait pressée, donc la rouquine n’avait pas pu lui poser plus de questions. Néanmoins grâce à ce que la petite brune lui avait dit, elle avait découvert qu’elle n’était pas la seule à être arrivée ici comme par enchantement. Étaient-elles les deux seules à avoir eu le droit à ça ou alors étaient-ils bien plus nombreux que ça à subir ce même sort ?

Alors qu’elle se baladait dans un parc, la jeune fille se retrouva en mauvaise posture. Du moins l’espace de quelques instants puisque très vite elle avait réussi à faire tourner le vent en sa faveur grâce à son courage et son impulsivité. En effet, un mec qu’elle ne connaissait pas s’était permis bien des choses alors elle lui avait fichu un bon coup de tête afin qu’il la lâche, ce qui avait fonctionné à merveille. Apparemment, il n’avait pas apprécié puisqu’il était à terre et gémissait – sûrement à cause de la douleur – tout en répondant à la question qu’elle lui avait posée, à savoir pourquoi il espérait trouver une arme sur elle ? Pour la tuer ? D’après les dires du garçon, ce n’était pas son intention. De plus, il semblait chercher une fille. « Tant mieux alors ! Je ne connais pas d’Iris. » Répondit-elle avant de tomber des nues lorsqu’elle vit le visage du brun. Aussitôt, son cœur s’emballa et se serra en même temps puisqu’elle ne s’attendait pas du tout à croiser la route de son crush ici. Surtout qu’elle n’était même pas encore adaptée à la vie dans cette ville étant donné qu’elle venait de débarquer dans le secteur. L’ado fronça les sourcils lorsque son interlocuteur lui indiqua ne pas être Nick. Qu’est-ce que c’était encore que cette histoire à dormir debout ? En attendant qui qu’il soit, il était prévenu, il n’avait pas intérêt à la toucher de nouveau sinon elle allait le lui faire regretter. Au moins, ça paraissait être clair du côté de l’inconnu. La rousse arqua un sourcil tout en le fixant d’un drôle d’air puisqu’elle se sentait dans l’incompréhension la plus totale. Est-ce que Goode lui aurait caché avoir un frère jumeau ? « Si tu me fais une mauvaise blague Nick j’te jure tu me le paieras ! » Le prévint-elle avant d’enchaîner avec une question. « OK, Percy donc tu dis. Et c’est quoi ton nom de famille ? » Se renseigna-t-elle, même si ça pouvait paraître grossier de demander ça aussi rapidement. Mais s’il disait vrai, autant qu’elle sache à qui elle avait affaire précisément. Quant à elle, pour le moment elle se réservait le droit de décliner son identité. Notamment parce qu’elle avait encore des doutes et n’était pas certaine que ce garçon ne se joue pas d’elle.

Plus le brun parlait et moins la jeune Berman comprenait ce qu’il lui racontait. C’était un peu comme s’il s’exprimait dans une langue étrangère. « Te faire sortir ? T’es déjà dehors. On est dans un foutu parc ! C’est pas comme si t’étais retenu prisonnier quelque part ! » En plus, c’était bizarre qu’il lui demande de le faire sortir alors qu’ils étaient en extérieur. Est-ce qu’il était en train de délirer ? « Et puis c’est quoi ça la RC ? » C’est vrai quoi ça ne lui disait rien du tout ce truc donc autant qu’il lui explique s’il voulait qu’elle réussisse à capter de quoi il était en train de causer. En voyant l’inconnu – enfin si vraiment il n’était pas le mono – se relever en se tenant la tête, la rouquine fit une grimace. Elle y était peut-être allée un peu fort, mais bon s’il n’avait pas cherché à la peloter aussi ça ne serait pas arrivé. Devrait-elle s’excuser ? Peut-être. Surtout qu’elle voyait que ce Percy n’avait pas l’air bien. « Désolée… » Fit-elle doucement. Par contre juste après elle fronça de nouveau les sourcils, ça allait devenir un tic si ça continuait. « Les vidés ? C’est quoi encore ce truc ? » Décidément, elle peinait à comprendre tout ce que lui sortait le garçon depuis tout à l’heure. « Un problème de vision. C’est-à-dire ? À cause du coup que je t’ai mis ? » Il ne manquerait plus que ça que ce soit de sa faute s’il ne voyait pas bien clair. La pauvre n’avait même pas remarqué qu’en réalité celui qu’elle prenait au début pour Nick était en fait aveugle. En même temps, ça ne se voyait pas forcément à première vue. Encore moins si on n’y prêtait pas plus attention que ça.

La rousse croisa les bras sur sa poitrine tout en entendant son interlocuteur soupirer. Apparemment, Monsieur n’était pas content qu’elle ne connaisse pas d’Iris, dommage pour lui, mais c’était comme ça. Bien que perturbée lorsqu’elle vit enfin son visage, Ziggy accepta tout de même de répondre à sa nouvelle question. « Non plus. Désolée. C’est ton harem ? » Demanda-t-elle en plaisantant, même si dans le fond elle ressentait de la jalousie puisqu’elle pensait avoir affaire à Nick. Sauf que d’après le brun, il n’était pas lui et se prénommait Percy. L’ado ne savait pas si elle pouvait lui faire confiance vu qu'elle craignait qu’il se fiche d’elle, mais elle allait tout de même lui laisser le bénéfice du doute en attendant de démêler le vrai du faux. Pour commencer, elle voulait connaître son patronyme. Sauf que le garçon le prit assez mal. « Bah tire-toi alors ! » Répliqua la rouquine qui n’appréciait pas la manière dont il lui parlait. « Je vérifie un truc pour savoir si tu te fous de moi ou non ! » Répondit-elle sans se démonter étant donné que ce garçon ne lui faisait pas peur du tout. « Moi c’est Ziggy, si tu tiens à le savoir ! » Et c’était tout ce qu’il apprendrait puisqu’elle n’était pas encore disposée à lui indiquer son nom de famille. Quant à son prénom, ce n'était pas la peine d'y songer étant donné qu'elle se présentait toujours sous son surnom.

La pauvre Christine n’avait pas encore remarqué que le sosie de Goode ne voyait plus rien, d’où le fait qu’elle ne comprenne pas pourquoi il se croyait enfermé quelque part. « Un camp de recherche ? » Répéta-t-elle en riant nerveusement. « Non, on est dans le parc de la ville qui s’appelle Loading City. » Information qu’elle avait apprise tout à l’heure grâce à une certaine Steph qui avait été assez sympa d’ailleurs. La miss écouta avec attention lorsque son interlocuteur lui expliqua la signification de RC, sauf que ça lui paraissait surréaliste. « Tu te crois dans un film ou une série TV là ? » Fit-elle en riant, se moquant clairement de lui. Les zombies n’existent pas sinon elle serait déjà au courant si c’était le cas. Après lui avoir présenté de brèves excuses, Berman n’en revenait pas que le brun persiste dans son délire sur les zombies qu’il appelait aussi vidés apparemment. « Tu crois pas que je serais déjà au courant et pas aussi détendue si j’avais déjà vu tes vidés ? J’en ai jamais vu un seul en dehors de ceux qu’on voit à la télévision. Alors, redescends un peu ! » Là, elle pensait au fait que le pauvre garçon était en train de se faire un sacré film. Aurait-il des problèmes mentaux ? Ou alors elle lui avait tellement filé un bon coup qu’il n’avait plus les idées claires. Puis elle s’était renseignée afin de savoir si c’était par sa faute que Percy avait du mal à voir. D’après lui non, ce qui fit soupirer de soulagement la jeune Berman. « Plus rien du tout ? La vache c’est hard… » Fit-elle un peu surprise. Heureusement pour sa part elle se sentait bien depuis qu’elle s’était réveillée ici. Bien sûr, elle était encore choquée à cause du massacre au camp Nightwing, mais dans l’ensemble ça allait, même si sa sœur lui manquait cruellement. Malheureusement, elle ne la reverrait jamais puisque Cindy était morte et enterrée depuis plusieurs jours. La jeune fille chassa au loin ses tristes pensées pour se reconcentrer sur ce que lui racontait le double de Nick. « T’as mal à la tête depuis ton réveil ? » Demanda-t-elle afin d’être sûre encore une fois que ce n’était pas à cause d'elle. « Si ça peut te rassurer, je me suis aussi réveillée dans cette ville tout à l’heure. » Elle n’était pas prête à lui faire part de ses derniers souvenirs puisque ça reviendrait à penser de nouveau à sa défunte frangine et c’était encore trop douloureux. « Et j’te promets que je n’ai vu aucun zombie. Est-ce que tu as quelque part où aller ? Moi je me suis réveillée dans un appart. C’est pas le grand luxe, mais si tu veux te reposer je peux t’y emmener, tu seras toujours mieux que dans la rue. » Pourquoi est-ce qu’elle lui proposait ça sans même le connaître ? Aucune idée, mais, elle le faisait quand même. Était-ce par pitié maintenant qu’elle savait pour sa cécité ? Peut-être.

L’adolescente ne put se retenir d’éclater de rire en voyant la réaction du brun qui ne semblait pas apprécier son humour. Bon, au moins, il ne s’en tenait qu’à une fille d’après ce qu’il disait, c’était déjà ça. « OK, compris. » Répondit la rouquine qui n’insisterait donc pas plus. Elle espérait en revanche que Delmado si c’était bien son patronyme était sincère, parce qu’elle n’aimerait pas qu’il lui mente en se faisant passer pour un autre. Surtout qu’elle n’avait pas envie de tomber sur Nick qui l’avait bien trop blessée. Non, vraiment, il pouvait aller au diable, celui-là ! « Ouais, très. » Fit-elle en souriant. « Tant mieux, je ne tiens pas à le revoir ! » Ajouta-t-elle rapidement. Puisque son interlocuteur le lui avait demandé, elle finit par lui décliner son identité et sourit un peu plus lorsque Percy lui indiqua aimer savoir à qui il parlait. « Pareil. » Dit-elle simplement. C’est vrai que c’était quand même plus sympa comme ça.

La jeune fille trouvait amusant le sosie de Goode. Faisait-il exprès pour la faire marrer ou alors était-il en plein délire ? Dur à dire pour le moment. La petite rousse haussa des épaules lorsque son interlocuteur se demanda ce qu’il fichait au parc. Si lui ne le savait pas. Elle encore moins. « Je sais pas. T’aurais pas trop picolé au point de ne pas te souvenir comment t’es arrivé là ? » Après tout, s’il avait forcé sur la bouteille, ça pouvait être possible. Ne pouvant se retenir, Christine rigola quand Percy ronchonna. « Désolée, mais ça me paraît tellement énorme ce que tu me racontes ! » Évidemment, elle ne croyait pas un traître mot de ce que le brun disait. Pour cause, elle n’avait jamais vu de zombies en dehors des films ou séries qui passaient à la TV et qui traitaient de ce sujet. D’ailleurs, Berman ne manqua pas de l’expliquer au garçon afin qu’il se calme. Et voilà qu’il lui indiquait ne pas mentir. Elle n’allait rien répondre à cela parce que sinon elle sentait que ça allait partir en cacahuète, autant qu’il croie ce qu’il veut du moment qu’il ne lui faisait pas de mal.

La miss fut choquée d’apprendre que le double de son ancien flirt était aveugle. Le pauvre, c’était donc pour ça qu’il n’avait pas réalisé être au parc et non Dieu sait où. « Merde ! » Jura-t-elle en grimaçant. Puis elle repensa à ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt et voulut en savoir davantage. « Au fait, c’est quoi cette histoire de prisonnier ? » Libre à lui de répondre ou pas. « J’espère en tout cas que ta vue reviendra… » Parce que sinon ça allait être compliqué pour lui. « D’accord. » Fit-elle seulement en apprenant ce dont se souvenait Delmado. « Je sais pas où t’étais au juste, mais ça avait l’air chaud ton truc. » Rajouta-t-elle après quelques instants alors qu’elle imaginait la situation qu’il lui avait décrite. Ce fut au tour de la rouquine de se confier, légèrement. Elle daigna expliquer qu’elle s’était réveillée depuis peu ici elle aussi. « Je viens d’une petite ville qui se nomme Shadyside. Pourquoi tu veux savoir ça ? » Elle promit ensuite au brun qu’il n’y avait aucun vidé dans les parages. Elle sourit lorsqu’il lui dit qu’il la croyait. Sans trop savoir pourquoi au juste, Ziggy proposa à son « nouvel ami » de venir squatter chez elle s’il n’avait nulle part où aller. Apparemment, ça eut l’air de faire plaisir à Percy. À ce qu’il lui sortit, Christine rigola avec lui. « J’suis pas une psychopathe donc tu pourras ranger tes crocs ! » Répondit-elle sur le ton de l’humour. « De rien. » Fit-elle rapidement en souriant. « Oh ! Oui, bien sûr ! Tu n’auras qu’à tenir mon bras et j’te préviendrai s’il y a des obstacles sur notre passage. » Rajouta-t-elle tout en se rapprochant de lui et en prenant sa main pour qu’il vienne l’enrouler autour de son bras. « Je t’emmène dans ma modeste demeure. » De base, elle était sortie pour découvrir la ville, mais elle continuerait plus tard. Peut-être même qu’elle remettrait le nez dehors une fois que celui qu’il allait devenir au moins pour un temps son colocataire serait bien à l’abri entre quatre murs.

Ziggy aimerait ne plus penser à Nick, mais pour le moment il était encore trop présent dans son esprit. En plus, le sosie de ce dernier lui posait des questions à son sujet, ce qui n’aidait pas vraiment. La rouquine soupira avant de daigner répondre. « Il m’a fait passer pour une folle auprès de la police. Au début, il a fait comme s’il me croyait, mais quand les flics sont arrivés, là il n’a plus agi de la même manière. Il m’a brisé le cœur, donc ouais, il m’a fait du mal… » C’est bien pour ça qu’elle n’avait pas cherché à le voir les jours qui avaient suivi cette colo de l’enfer. De toute façon, la petite rousse avait dû enterrer sa sœur alors elle n’aurait pas eu de temps à consacrer à Goode. De plus, elle lui en voulait trop pour ne serait-ce qu’envisager de le revoir.

Le pire, c’était que l’adolescente reprochait à son ancien flirt de ne pas l’avoir crue à propos de Sarah Fier et pourtant là c’était elle qui doutait des propos de son interlocuteur concernant les zombies. Elle était peut-être encore excusable puisqu’elle ne connaissait pas Percy. En revanche pour le mono c’était une autre histoire étant donné qu’ils avaient bien fait connaissance et traversé une nuit de cauchemar ensemble. Comment avait-il pu jouer avec ses sentiments de la sorte. En plus, il lui avait paru sincère lorsqu’il lui avait dit qu’il la croyait au sujet de la sorcière. Mais voilà, pour ne pas risquer sa future place de shérif, il avait préféré faire comme si de rien n’était devant les forces de l’ordre, laissant la jeune fille finir avec le cœur en miettes par sa faute. Bref, la miss reconnecta avec la réalité en entendant le rire et la voix du brun résonner. « D’accord si t’es sûr de toi… » Après tout, elle n’allait pas chercher plus loin si ce garçon pensait ne pas avoir bu d’alcool, ça voulait probablement dire qu’il avait raison. De toute façon, il était le mieux placé pour le savoir.  Puis, Berman avoua à son "nouvel ami" qu’elle trouvait énorme son histoire sur les morts-vivants qui se baladeraient dans les rues. Le rire de l’ado se fit entendre lorsque mister Delmado lui indiqua avoir du mal à comprendre ce qu’elle lui racontait. « Tu t’en rendras vite compte par toi-même. » C’est vrai qu’au bout d’un moment quand il remarquera qu’il n’y a aucune menace en ville, il réalisera qu’il avait fait fausse route.

C’était étrange puisque Christine n’avait pas capté que le garçon était aveugle avant qu’il ne lui en fasse part. Grâce à ça, elle comprenait mieux certaines de ses réactions, même si elle se sentait encore paumée. « C’était un mec de la République civique ? Un de vos ennemis ? » Ce n’était pas sûr qu’elle arriverait à cerner davantage le truc, mais au moins elle essayait. « Eh ben ! T’as sacrément pas de pot entre la perte de ta vision et de ta mémoire ! » Fit remarquer la demoiselle en grimaçant de nouveau. Après, elle disait ça, mais elle ne réalisait pas qu’elle-même aussi vivait avec une amnésie qui se chiffrait à seize années de sa vie. Ziggy croisait les doigts pour que le double de son ex-flirt recouvre avant tout la vue, ce qu’elle lui avait indiqué. Elle sourit lorsque le brun la remercia. « De rien. J’espère également que tes souvenirs reviendront. » C’était tout le mal qu’elle lui souhaitait étant donné qu'elle imaginait que ça devait être délicat de ne pas se rappeler de certains détails.

Après que Percy se soit confié à elle, il voulut en savoir plus sur elle, ce qui était sans doute normal même si ça surprenait quelque peu la rousse. Un rire nerveux franchit ses lèvres à ce qu’il lui dit. « C’est ce que tu crois ! Notre ville est maudite. Il ne nous arrive que des merdes quand on vit là-bas. » La preuve, ses parents avaient divorcé. Son père avait refait sa vie ailleurs avec une jeunette. Sa sœur était morte durant le camp de vacances. Quant à sa mère, elle croulait sous les dettes et était devenue alcoolique. Donc sa famille était le parfait exemple de ce qu’ils pouvaient tous subir à cause de la malédiction. De plus, le brun pensait que c’était tranquille sans zombies, mais il y en avait en quelque sorte puisque Sarah Fier ressuscitait les tueurs en série célèbre de Shadyside afin qu’ils puissent encore user de leur talent meurtrier.

Comme Delmado avait accepté la proposition de la rouquine, celle-ci allait l’aider à se déplacer et le conduire directement jusque chez elle. « De rien. Tu sais je me baladais juste pour voir ce qu’il y avait de beau dans le coin. Même s’il va falloir que je trouve un boulot parce que j’ai très peu d’argent de côté. » En fait, elle n’avait que le liquide qui était dans son portefeuille, donc vraiment pas de quoi tenir longtemps. « J’ai pas fait gaffe à combien de temps j’ai mis pour venir ici tout à l’heure désolée. » Finalement, ça n’avait pas pris plus de quelques minutes au duo pour arriver à l’appart de la jeune Berman. Cette dernière récupéra sa liberté de mouvement et put enlever son blouson pour l’accrocher dans le couloir de l’entrée. « Tu veux que j’te débarrasse de ton manteau ? » Proposa gentiment l’adolescente avant de grimacer à la question qui venait de lui être posée. « Euh… j’en sais rien. Quand je me suis réveillée tout à l’heure, elles étaient déjà là. » En effet, elle n’avait absolument pas conscience que la Ziggy de 32 ans avait développé un grand traumatisme suite au camp de vacances et que de ce fait, sa vie était réglée à la minute près grâce à ses horloges avec des alarmes pour les heures de repas, de lever, de coucher et même pour nourrir son chien entre autres… « Ça doit être l’ancien locataire ou le proprio qui a dû les laisser là. » Sortit-elle sans se douter un seul instant qu’en réalité elles lui appartenaient bien toutes.

Bien qu’étonnée par son geste, Ziggy laissa le brun prendre sa main dans la sienne. La jeune fille ne pouvait qu’être d’accord avec son interlocuteur par rapport à ce qu’il pensait de son sosie suite à ce qu’elle lui avait expliqué. « Ouais… Il ne songeait qu’à son futur poste de shérif ! » Alors forcément l’histoire du fantôme de Sarah Fier et de la malédiction, ça aurait fait tache dans son tableau. Pourtant miss Berman était sûre d’avoir raison. De ce fait, elle ne pouvait qu’en vouloir à Nick de ne pas l’avoir appuyée auprès des forces de l’ordre.

Même si au départ Christine était totalement réfractaire à propos du discours de Percy, elle décida après réflexion de lui laisser le bénéfice du doute. Surtout qu’elle avait eu affaire à une sorcière, alors pourquoi les zombies n’existeraient pas eux aussi ? Certes, elle n’en avait jamais croisé, mais ça ne voulait rien dire. « OK, c’est compris. » Se taire et se cacher en cas de mauvaise rencontre avec les morts-vivants. C’était quelque chose que la rouquine pouvait faire sans aucune difficulté. Par contre, s’il fallait qu’elle se batte avec l’un de ces spécimens, ce n’était pas sûr qu’elle parvienne à s’en sortir sans la moindre blessure ou pire… La preuve quand l’un des tueurs de Shadyside s’en était pris à elle, il avait eu le dessus au point de la tuer.

Ayant du mal à cerner toute l’histoire du garçon en face d’elle, Ziggy écouta attentivement ce qu’il lui racontait. « Ah bon ? Il vous a piégé pour que tu dises que cette fille a fait confiance à la mauvaise personne ? » C’était compliqué de comprendre correctement les choses alors que l’ado ne connaissait vraiment rien de ce qu’avait vécu le brun. « Un sifflement tu dis ? » Il pouvait y avoir des tas de raisons pour expliquer cela, mais là de suite aucune ne vint à l’esprit de la jeune fille. « Il faut croiser les doigts pour que ce soit le cas oui, et que tu puisses retrouver ta copine. » Mais pour l’heure, il fallait bien que quelqu’un s’occupe de lui et l’aide, car ça allait être compliqué pour Percy avec ses soucis actuels.

Berman soupira quand son interlocuteur commença à mettre sa parole en doute. Ce qui lui rappela la façon dont Goode l’avait traitée sur la fin, mais elle devait éviter de songer à ceci. « Écoute, ça va peut-être te paraître dingue, mais c’est sûrement pas au point de ce que tu m’as sorti tout à l’heure… Pour la faire courte, une sorcière Sarah Fier est morte en 1666. Mais avant ça, pour se venger, elle a lancé une malédiction sur Shadyside. Tous les je ne sais combien d’années elle possédait quelqu’un de notre ville, le faisant tuer bon nombre de personnes. Et la nuit du 12 juillet 1978, ma sœur, d’autres jeunes et monos de la colo ainsi que moi, nous avons été traqués par l’un d’entre eux, avant que les anciens tueurs sortent d’outre-tombe pour lui prêter main-forte. Cindy ma frangine et moi sommes mortes cette nuit-là puisque nous n’avions pas réussi à contrecarrer la malédiction. Sauf que Nick m’a ramenée en me faisant les gestes de premiers secours. » C’était compliqué de repenser à cette nuit de cauchemar et d’en parler. Tout ce qu’espérait Ziggy c’était que le garçon ici présent n’allait pas la prendre pour une mythomane, car elle ne faisait que lui raconter la triste vérité.

La pauvre rouquine n’allait pas aller bien loin avec le peu de liquidité qu’elle avait sur elle, il fallait donc qu’elle se trouve un boulot et vite si elle ne voulait pas se retrouver prochainement à la rue. Certes son appart n’était pas terrible, mais au moins elle avait un toit sur la tête ce qui était déjà pas si mal. Christine ne put s’empêcher de lâcher un petit rire à cause de la confession que venait de lui faire Percy qu’elle aidait à avancer. « Quand tu dis arnaquer les gens tu penses à quoi ? » Voulut-elle savoir afin d’avoir une idée précise de ce à quoi pensait mister Delmado. « Mais écoute, faute de mieux pour l’instant, pourquoi pas. » Elle n’allait pas faire la fine bouche alors qu’elle était dans le besoin. Et puis, ce n’était pas elle qui lui ferait la leçon étant donné que pendant le camp d’été elle avait fait pas mal de frasques au point de même piquer de l’argent. Le garçon ne le verrait pas, mais Berman lui offrit un sourire quand il dit que ce n’était pas grave qu’elle ne sache pas combien de temps ils allaient mettre pour rentrer chez elle.

Une fois à l’appart, Ziggy accrocha au portemanteau son blouson ainsi que la veste de son invité. « De rien. » Répondit-elle avant de répondre au sujet des horloges qui provenaient de Dieu sait où. Puis elle écouta la suggestion du brun et sourit. « C’est bizarre… Ah, mais ouais ! Bonne idée ! Je vais tâcher de préparer une affiche que je mettrai dans le hall de l’immeuble. » Ça serait cool si les autres résidents venaient lui racheter toutes ces vieilleries, même si elle en gardera au moins deux, une pour le salon et l’autre pour dans la chambre, ce qui sera déjà bien suffisant. « Ah ! Pardon ! Je vais t’emmener jusqu’au canapé oui ! » Elle attrapa donc son bras et l’escorta jusque-là où le garçon souhaitait aller se poser. « Et pour répondre à ta deuxième question, t’as de la chance parce qu’il n’y a que deux chambres dans cet appart qui sont côte à côte. » Dit-elle en lâchant le bras du brun pour prendre ses mains qu’elle posa sur le mobilier. « Voilà. Je vais m’occuper de rassembler les réveils et enlever les piles qui sont dedans aussi… » Autant éviter de les user inutilement surtout que ça pourrait servir pour d’autres appareils plus importants.