Listen to me now ! { Ziggy 2.0

Ziggy se trouvait dans cette ville depuis plusieurs mois maintenant. Elle s’était plutôt bien acclimatée même si sa défunte sœur ainsi que son compagnon à quatre pattes Major Tom lui manquaient toujours cruellement. En effet, elle n’avait pas réussi à retrouver son chien malheureusement. Quant à sa frangine, elle n'était pas revenue d'entre les morts contrairement à d'autres personnes. Malgré tout, la petite rousse s’était faite à l’idée d’être redevenue une adolescente. Pourtant au début, c’était assez perturbant, mais n’ayant aucune solution elle n’avait pas eu d’autre choix que de se résoudre à le rester. Ici, elle vivait sous la responsabilité de Faith qui l’avait prise sous son aile le soir même de son arrivée. Eh oui, étant mineure aux yeux de la loi, elle ne pouvait habiter toute seule. Ce qui l’avait pas mal frustrée les premiers temps, il fallait bien l’avouer, mais elle avait fait avec et désormais la cohabitation avec la Tueuse se passait bien. Berman n’irait pas jusqu’à dire qu’elle la considérait comme une sœur, puisque ça ne serait pas respectueux envers Cindy, mais la présence de Lehane était réconfortante et elle l’aidait à reprendre goût à la vie. Sans compter que la rouquine s’était fait plusieurs amis sur lesquels elle pouvait compter et avec qui elle passait de bons moments qui l’empêchaient de trop ruminer. Ceux qui étaient les plus proches d’elle actuellement n’étaient autres que son sosie Max qu’elle voit comme une jumelle tellement elles se ressemblent sur bien des points. Puis il y avait aussi Dustin le petit ami de celle-ci. Ce garçon était juste le plus adorable que l’ancienne trentenaire ait connu jusque-là. Il y avait bien sûr d’autres personnes que la miss appréciait, mais pas au même point que ce petit couple trop mignon.

Bien que par moments ça puisse arriver à Christine de sécher les cours quand elle en avait envie, la rebelle ne trouvait plus si désagréable d’être de retour sur les bancs de l’école. Tandis qu’elle se trouvait présentement en plein cours de littérature, une annonce se fit entendre dans tout le lycée grâce aux haut-parleurs disposés un peu partout dans les couloirs. « Chers lycéens et professeurs, c’est Monsieur Morgan votre Proviseur qui vous parle. J’ai une annonce de la plus haute importance à vous faire. Je demande aux professeurs de libérer leurs élèves afin qu’ils se rendent TOUS sans exception jusqu’à leurs casiers respectifs. Les élèves sont attendus prestement dans le hall. Prenez avec vous vos sacs et toutes vos affaires ! Merci ! » Intriguée la jeune Berman fronça les sourcils en se demandant ce qui pouvait se passer. « Vous avez entendu ! Remballez tous vos affaires et rendez-vous aux casiers ! » « Monsieur est-ce qu’on revient ici après ? » Demanda un lycéen. « Je ne sais pas. Je vais venir avec vous et on suivra les directives de Monsieur le Proviseur. » En soupirant, la rousse rangea donc son cahier et ses autres bricoles dans son sac puis ferma celui-ci. Ensuite, elle se leva de sa chaise et remit sur elle son blouson avant d’accrocher son sac dans son dos. Ses camarades et elle sortirent assez rapidement de la salle de classe pour se rendre au point de rendez-vous.

Sur le chemin, Ziggy repéra l’un de ses amis et l’interpella. « Hey Dustin ! » Elle se hâta de le rejoindre alors que le bouclé se tournait pour la regarder. « Qu’est-ce qui se passe à ton avis ? » Demanda-t-elle puisqu’elle était curieuse de savoir. Dusty haussa des épaules. « Je sais pas. Peut-être encore une histoire de drogue, c’est déjà arrivé l’an dernier… » Fit-il sans toutefois en être certain puisqu'il n'était pas plus renseigné qu'elle. « Ah bon ? » Dit l’adolescente choquée puisqu’elle-même n’avait jamais touché à des substances illicites. « Elle est où au fait Max ? » Chercha-t-elle à savoir tandis qu’ils continuaient d’avancer vers le hall où se trouvaient les casiers. « Elle était partie aux w.c. quand l’annonce a été faite. » Expliqua le gamin. « C’est pour ça que j’ai son sac et son blouson. » Fit-il remarquer en montrant ce qu’il tenait. « Ah ouais, j’avais pas vu… » Avoua la miss. Tandis qu’ils se rapprochaient, ils remarquèrent un attroupement et entendirent un sacré brouhaha. Souhaitant voir ce qui provoquait tout ceci, Berman bouscula les autres sans même s’excuser. C’est là qu’elle repéra la bande de filles qui s’en étaient déjà prises à elle le jour de la rentrée. « Qu’est-ce qu’elles ont à se marrer ces idiotes ? » Râla-t-elle. « Elles ont certainement fait un sale coup à quelqu’un. » Supposa Henderson. En s’approchant davantage, l’ancienne trentenaire vit au loin quelque chose et son sang ne fit qu’un tour, encore pire quand elle entendit sa meilleure amie crier. Elle courut limite sans se préoccuper de bousculer qui que ce soit. Même s’il était dos à elle, elle reconnut sans peine le flic qui tenait Maxine par le bras. Elle tapota son épaule comme pour lui faire comprendre de se retourner. « C’est moi que tu cherches Goode ! » Fit-elle avec un sourire à la fois moqueur et énervé. Un bruit d’essoufflement ne tarda pas à se faire entendre près d'eux. « C’est qui lui ? Qu’est-ce qu’il veut à Max ? » Demanda le petit copain de la jeune Mayfield. « Je sais pas ce qu’il veut, mais c’est un fantôme de mon passé et je suis à peu près sûre qu’il en a après moi… » Indiqua l’ado en tournant la tête vers son ami, parlant comme si le brun n'était même pas là. Puis elle reporta tout de même son attention vers ce dernier. « Lâche-la Nick ! » « Mademoiselle Berman vous êtes bien familière avec les forces de l’ordre ! » Pour toute réponse, la jeune fille fit rouler ses yeux puisqu’elle n’avait pas envie de batailler ou de devoir s’expliquer avec l’homme bedonnant.

Berman ne s’attendait pas du tout à ce que son ancien flirt déboule carrément au lycée. Est-ce qu’il avait encore monté un stratagème pour la retrouver ? Ça ne l’étonnerait même pas vu le tempérament de Nick. Décidément, il ne pouvait pas lui fiche la paix une bonne fois pour toutes ? Non, visiblement c’était trop lui demander. Pourtant par le passé le shérif l’avait bien ignorée pendant seize foutues années alors pourquoi il ne recommencerait pas ? Franchement, ça serait trop bien, mais la rousse ne pouvait pas compter là-dessus. Cette dernière secoua la tête quand son double lui conseilla de s’enfuir. Ce n’était pas le genre de Ziggy de fuir les problèmes. La preuve au camp Nightwing elle allait toujours contre les recommandations du mono et bravait le danger, peu importe les conséquences. Lorsqu’enfin Goode comprit qu’elle était celle qu’il cherchait, le sourire moqueur de l’ancienne trentenaire se fit encore plus grand. « Ding ding ! » Le nargua-t-elle pour lui faire comprendre qu’il avait mis le temps à capter la situation. « Bravo Sherlock, c’est bien moi ! » Répliqua-t-elle toujours en se fichant de la poire de son interlocuteur. « Mademoiselle Berman ! » Gronda une fois encore le proviseur qui ne semblait pas apprécier son humour. Pas grave, ça n’atteignait pas du tout la petite rousse qui n’en avait que faire. « Tout ce que t’as à savoir c’est que tu dois la laisser tranquille ! » Lâcha Christine en fixant le flic d’un air mauvais. Puis elle se mit à sourire lorsque sa « jumelle » l’envoya bouler en refusant de lui décliner son identité. Oui, elle était fière de la jeune Mayfield qui ne se démontait pas.

L’ancienne adulte fut rassurée lorsque le brun lâcha son sosie qui se réfugia dans les bras de Dustin. Au moins, Maxine allait pouvoir être tranquille. Par contre, elle-même risquait peut-être quelque chose puisque visiblement quelqu’un s’était amusé à mettre de la drogue dans son casier. Elle songea au fait que ça pourrait être un coup de Nick. Il en serait bien capable vu que par le passé il avait fait des crasses à ce pauvre Martin tout ça pour l’arrêter. Probablement pour s’amuser puisqu’il n'y avait pas d’autres explications valables aux yeux de Berman. Si ce n’était pas le shérif alors Sanders et sa clique pouvaient être responsables de cette machination. « Il faut croire que c’est le caractère des rousses ! » Répondit Ziggy en faisant un sourire hypocrite à son interlocuteur. À ce qu’il lui dit ensuite, l’adolescente croisa ses bras sur sa poitrine tout en le défiant du regard. Sauf qu’en entendant des rires non loin d’eux, Christine tourna la tête et put remarquer qu’il s’agissait bien de ces pimbêches qui sont dans sa classe. OK, donc si elle était dans la mouise c’était sûrement à cause d’elles. Elle les regarda d’un sale œil avant de décroiser ses bras pour leur faire un joli doigt d’honneur. « Mademoiselle Berman n’aggravez pas votre cas ! Si vous continuez à vous montrer insolente, je vais devoir vous mettre des heures de retenue ! » Prévint Monsieur Morgan. « Allez-y si ça vous chante, ça m’est bien égal ! » Rétorqua-t-elle en ancrant bien ses prunelles dans celle du proviseur. Non, elle n’allait pas se taire alors qu’elle avait les nerfs. Encore plus de savoir qu’elle allait devoir aller au poste de police. Rien que d’y penser elle soupira avant de se tourner vers son amie. « C’est bon Max, ça va aller. T’en fais pas pour moi. J’me sortirai de ce guêpier. » Lui assura-t-elle en lui faisant un petit sourire qui se voulait rassurant. Ensuite, la lycéenne se tourna vers le représentant des forces de l’ordre. « Du moment que tu ne me touches pas, j’te suis en espérant qu’on en finisse au plus vite ! » Il était prévenu, s’il essayait ne serait-ce que de la tenir par le bras ou autres, elle n’hésiterait pas à lui mettre un coup ou une gifle afin de lui faire lâcher prise. Elle se retourna ensuite vers ses amis. « Vous faites pas de bile pour moi. » Leur dit-elle avant de faire demi-tour et de s’avancer gentiment vers la sortie escortée par Goode et son collègue.  

Ziggy n’était pas du tout ravie de voir le shérif ici. Elle qui lui avait échappé pendant un bon moment, voilà qu’il semblait avoir retrouvé sa trace malheureusement. Mais pour l’heure, ce qui importait à la petite rousse c’était que le brun fiche la paix à Max. Elle n’avait rien fait de mal et n’avait pas à être arrêtée par les forces de l’ordre. Berman non plus n’avait pas lieu de se retrouver chez les flics, mais elle préférait encore subir elle plutôt que ça ne retombe sur les épaules de son amie. Cependant, elle n’allait pas y aller de bon cœur et donc ne faciliterait pas la tâche à son ancien flirt. D’ailleurs, elle se moquait bien de lui là sans se préoccuper des commentaires du proviseur. « Tant mieux alors, relâche-la dans ce cas ! » L’ancienne trentenaire n’allait pas lui fiche la paix jusqu’à ce qu’il cède.

Christine retint un soupir de soulagement lorsque Goode rendit sa liberté à l’autre rouquine. Elle fit d’ailleurs un petit sourire à celle-ci ainsi qu’à Dustin. Qu’est-ce qu’elle les trouvait mignons tous les deux. Ils étaient faits pour être ensemble selon elle, même si de toute façon elle les avait connus en couple depuis son arrivée ici. Le brun semblait amusé par la réplique de son ex. Cette dernière roula des yeux en le voyant faire. C’était dingue ça, mais il la mettait toujours en rogne. Sans compter le fait qu’entendre Sanders et ses petits toutous rire n’arrangeait rien à l’affaire. Si bien que l'adolescente leur adressa un joli doigt d’honneur. Puis, le proviseur l’engueula, mais ça ne faisait ni chaud ni froid à l’ado qui n’avait point peur de lui. Et voilà que Nick essayait de l’aider, ce qui l’insupportait encore plus. La miss soupira n’appréciant pas son intervention.

Puisqu’elle allait devoir partir en compagnie de son ancien flirt, la lycéenne tenta d’apaiser son sosie qui se faisait du souci pour elle de ce qu’elle voyait. Ziggy, elle ne s’inquiétait pas trop. La preuve le brun avait défendu sa cause auprès de Monsieur Morgan, ce qui voulait sans doute dire qu’il avait encore cet instinct de protection envers elle. Donc logiquement, il ne devrait pas la laisser avoir des problèmes. Enfin, c’était ce qu’elle pensait en tout cas. La jeune Berman regarda d’un air mauvais le shérif qui lui souriait en répondant qu’il n’allait pas la toucher, mais qu’ils devaient y aller. Bon Dieu, ce qu’elle avait envie de lui faire ravaler son satané sourire. En revanche, en entendant la voix de sa meilleure amie, Christine lui fit un petit sourire qui se voulait rassurant tout en disant à son couple d’amis de ne pas s’inquiéter. Néanmoins, l’ancienne trentenaire était contente que Mayfield veuille l’aider.

Bien que ça ne l’enchantait pas du tout, la rebelle suivit les forces de l’ordre en dehors du lycée. Quoique louper la fin de matinée de cours de ce mercredi c’était peut-être le bon plan, même si elle aurait préféré sécher autrement qu’en se rendant au commissariat avec Nick. Lorsque celui-ci lui ouvrit la portière, la rousse s’installa donc à l’arrière du véhicule, posa son sac près d’elle, s’attacha puis croisa ses bras sur sa poitrine en regardant par la vitre. Des élèves la mataient. Probablement qu’ils devaient se demander ce qu’elle fichait dans cette voiture. En entendant ce que Goode disait à son collègue, l’adolescente fronça les sourcils. À quoi jouait-il encore ? Oh, et puis ce n’était pas son problème s’il laissait en plan l’autre flic. Quand la bagnole fut en train de rouler, la gamine observa le paysage qui défilait. Elle imaginait déjà la tête de sa tutrice lorsqu’elle recevrait l’appel des forces de l’ordre. Quoique Faith ne lui ferait peut-être pas la morale vu son passif. Surtout que Ziggy n’avait rien fait qui mériterait de se faire arrêter. Tandis qu’elle songeait à ceci, Berman arbora un sale air. « Qu’est-ce que tu fous, Goode ? C’est pas par là le commissariat ! » Claqua-t-elle alors qu’il s’engageait dans un chemin de terre. « J’te préviens c’est pas la peine de m'faire le coup de la panne ! Ça prend pas avec moi ! » OK, elle n’y avait jamais eu le droit, mais elle connaissait tout de même la technique. Et voilà qu’il s’arrêtait en plus, de mieux en mieux ! Mais qu’est-ce qu’il lui voulait à la fin ? La rouquine se détacha au cas où elle devrait se barrer en courant pour échapper aux griffes de son ex. « Ah ouais ? Et c’est pour ça que tu m’arrêtes ? Parce que tu sais que j’y suis pour rien ? T’as une drôle de conception de l’innocence ! » Râla Christine en lui lançant un regard de travers. « C’est toi qui as monté le coup ? » Demanda-t-elle afin de savoir si c’était lui qu’elle devait blâmer ou plutôt les filles de la classe de Max. D’un côté, elle était quand même un peu rassurée que l’ancien mono sache qu’elle n’avait rien à voir avec cette histoire de drogue. Elle a des défauts certes, mais pas celui de consommer ou vendre des substances illicites.

La jeune Berman fut soulagée quand l’ancien moniteur de colo relâcha Mayfield. En effet, le sosie de cette dernière n’avait pas envie qu’elle ait des problèmes. Puisque Nick avait été assez cool de laisser tranquille Max, même si ça ne mettait pas en joie Ziggy de le suivre, elle ne le fit pas tourner en bourrique et accepta qu’il l’escorte jusqu’à sa voiture de fonction. Elle aurait pu s’entêter et l’enquiquiner, mais il faut croire que là elle s’était quelque peu radoucie pour l’instant. Bien que ça ne durerait probablement pas.

La rouquine avait eu l’impression d’être une bête de foire quand les autres élèves à l’extérieur du lycée l’avaient tous regardé tandis qu’elle était assise à l’arrière de la fourgonnette de police. Ils allaient certainement penser qu’elle était une délinquante alors que pas du tout. Quelles rumeurs allaient circuler suite à ça ? Probablement tout et n’importe quoi ! En songeant à ceci, la jeune fille soupira. Elle n’avait pas hâte d’apprendre par la suite ce qui aurait été dit sur son dos en son absence, même si elle serait sûrement informée par ses amis.

En revanche, l’ex-trentenaire ne s’attendait pas du tout à ce que son ancien flirt s’arrête dans un chemin de terre. Cela ne lui plaisait pas du tout ! Chose qu’elle lui fit bien savoir. Bon Dieu ce qu’il pouvait l’énerver en la regardant avec ce sourire amusé ! « Et si moi j’en ai pas envie ? » Répondit-elle alors que le brun lui disait désirer s’entretenir en privé avec elle. C’est vrai ça, jamais il ne lui demandait son avis. Non, il fallait toujours qu’il impose ses trucs. Une fois sûre qu’elle pourrait partir si elle le voulait – étant donné qu’elle avait défait sa ceinture de sécurité – Christine continua à passer sa mauvaise humeur sur celui qui la mettait dans cet état. Le pire c’était que ça faisait marrer Goode alors qu’il n’y avait absolument rien de marrant dans ce qu’elle lui avait balancé. « Et qu’est-ce qui te fait dire que c’est pas moi hein ? » Claqua-t-elle en le fixant d’un drôle d’air. Bon d’accord, il avait raison et tant mieux, mais c’était plus fort que la rousse, il fallait toujours qu’elle trouve quelque chose à redire avec lui. Au moins, Ziggy était tout de même rassurée – s’il lui disait bien la vérité – d’apprendre que ce n’était pas lui qui avait mis de la drogue dans son casier. Ça ne pouvait donc qu’être ces filles qui en avaient après Max et maintenant après elle apparemment. La jeune Berman ne put s’empêcher de rire par la suite. « Faith ? Aller porter plainte ? C’est absolument pas son genre ! Pas le mien non plus ! » Non vraiment, c’était hilarant. Comme si la Tueuse allait perdre son temps avec les flics alors qu’elle ne devait pas les porter dans son cœur puisqu’elle avait fait de la prison par le passé. À la rigueur, Lehane ferait peut-être justice elle-même. Quant à la lycéenne, elle trouverait probablement un moyen de se venger de ces petites pestes qui ne lui faisaient pas du tout peur, même si là elles avaient fait fort en réussissant à la faire arrêter.

En voyant l’ancien shérif descendre et venir ouvrir sa portière, la jolie rousse hésita à sortir de la voiture. Alors elle resta encore un peu dans celle-ci tout en écoutant ce qu’il avait à lui dire. Ce n’était pas comme si elle avait réellement le choix… Elle ouvrit grand la bouche à sa tentative de manipulation. « T’es vraiment gonflé, Goode ! » Répliqua-t-elle en le fixant d’un air bien mauvais. Qu’est-ce qu’elle avait une sainte horreur quand le brun faisait ce genre de chose. Tout ça pour qu’elle se plie gentiment à ce qu’il veut. « T’as conscience que ton chantage est dégueulasse ? » Demanda-t-elle en le poussant en même temps qu’elle sortit enfin du véhicule. Une fois dehors, elle s’appuya contre le coffre de celui-ci en croisant les bras sans lâcher du regard son interlocuteur, se méfiant de lui comme de la peste. Pourtant, le discours qu’il eut juste après la toucha même si elle ne montrait rien, gardant son visage glacial. « Une chance de quoi ? » Voulut-elle savoir, bien qu’elle croyait deviner ce qu’il attendait d’elle. Il souhaitait probablement qu’elle lui fasse de nouveau confiance et peut-être qu’ils reprennent là où ils s’étaient arrêtés à l’époque du camp de vacances. Un petit sourire apparut sur ses lèvres lorsqu’elle repensa d’ailleurs aux bons moments qu’ils avaient passés là-bas, notamment cette superbe vengeance qu’ils avaient montée ensemble en enfermant Sheila dans les toilettes avec tout un tas de bestioles qu’elle n’aimait pas. Si bien que la gamine en se remémorant tout ceci commença à se montrer hésitante. Pourtant, elle en voulait toujours affreusement à Nick qui avait brisé son cœur en mille morceaux. De plus, elle ne cautionnait absolument pas ses actes. Non, elle ne pourrait le pardonner pour tout le mal qu’il avait fait aussi bien à elle qu’aux autres habitants de Shadyside.

Si Ziggy s’était laissé embarquer assez docilement c’était pour éloigner son ancien flirt de Max. En effet, elle ne voulait pas que cette dernière ait des problèmes alors qu’elle n’avait rien à voir avec le brun d’une part, mais aussi parce que cette fois ce n’était pas après elle qu’en avaient ces pestes. Après tout, elles devaient connaître par cœur l’emplacement du casier de la jeune Mayfield, donc si elles avaient mis ces merdes dans celui de Christine c’était sûrement pour lui montrer qu’elle faisait partie de leurs cibles dorénavant. Du moment que son sosie n’était pas accusé à tort – même si c’était le cas de miss Berman actuellement – ça convenait à l’ancienne trentenaire. Par contre, cette dernière n’osait guère imaginer toutes les saloperies qui allaient être dites à son sujet alors qu’elle n’avait rien fait de mal.

Quelque chose que n’appréciait pas du tout l’adolescente, c’était le fait que le flic se soit arrêté dans ce chemin de terre et lui indique qu’il ne lui laissait pas le choix et qu’il devait discuter avec elle. En entendant cela, la rouquine lâcha un gros soupir de mécontentement. « C’est bien ça le problème ! Tu te fiches bien de savoir c’que moi j’veux ! Tu me soûles, Nick ! Je t’ai déjà dit que je ne souhaitais plus te voir, alors pourquoi tu insistes comme ça ? » Ce n’était pas comme s’il n’était pas au courant qu’elle ne désirait plus rien avoir à faire avec lui. Peut-être qu’il était buté, mais la jeune fille était pas mal dans son genre aussi, chose qu’il devait savoir. Bien décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds, la lycéenne laissa penser à l’ex-moniteur qu’elle était peut-être bien en possession de cette drogue qu’il avait trouvée dans ses affaires, même si c’était faux. « Et comment tu peux être sûr que ça n’a pas changé en seize ans ? » Non, elle ne pouvait pas le laisser avoir le dernier mot, bien que malheureusement pour elle, il la connaissait assez bien. La preuve il ne s’était pas trompé contrairement à ce qu’elle voulait lui faire croire. En effet, elle n’avait jamais touché aux substances illicites et ne comptait pas y goûter.

Imaginer sa tutrice déposer une plainte contre Sanders et sa bande ne pouvait que faire marrer Ziggy. De toute façon, ça servirait à quoi ? Ça serait parole contre parole et comme en plus l’herbe avait été trouvée dans son casier, les preuves étaient malheureusement contre Berman. « Eh bien, merci de ton avis. » Commença ironiquement la jeune fille. « Mais je me vengerai parce que c’est hors de question qu’elles gagnent et croient m’avoir intimidée. Je ne vais pas les laisser continuer à emmerder leur monde. » Ça fait déjà trop longtemps que ces filles font subir leurs mauvais traitements à Dustin et à miss Mayfield, donc non il est temps que quelqu’un leur montre qu’elles ne sont pas toutes puissantes. « C’est vraiment obligatoire ça ? Parce que ça va lui faire perdre du temps pour rien. » De plus, Faith allait peut-être croire qu’elle consommait de la beuh ou en vendait alors que c’était loin d’être le cas.

Apparemment, le fait que Christine ait poussé le flic ne fit ni chaud ni froid à celui-ci. Maintenant qu’elle était en dehors de la voiture, elle allait encore plus être sur la défensive étant donné qu’elle ne voulait pas qu’il l’approche de trop près. La petite rousse allait donc avoir bien à l’œil son interlocuteur. « Un service en échange de quoi ? Hum ? Il n’empêche qu’encore une fois j’ai pas le choix… » C’était bien ce qui l’énervait avec Goode, rien n’était jamais gratuit avec lui et il fallait toujours que ça lui profite au détriment des autres. L’espace de quelques instants, l’ancienne trentenaire fut nostalgique en repensant aux moments de rigolade qu’elle avait pu avoir avec le brun par le passé. Sauf que lorsqu’il mentionna le nom de sa ville, la rouquine reprit totalement ses esprits en se remémorant tout le mal fait par la famille de son interlocuteur. Alors qu’elle pensait à tout ceci, Nick en profita pour garder la parole. Dès qu’il eut fini, Ziggy la prit à son tour. « Si par relation normale tu songes au fait qu’on se remette ensemble, c’est un non catégorique. J’peux pas oublier toutes ces morts injustes infligées aux Shadysiders ! Tout comme je ne peux pas te pardonner de m’avoir brisé le cœur tout ça pour couvrir tes arrières ! C’est trop tard ! Tu m’as perdue une première fois cette nuit-là. » Inutile qu’elle précise de laquelle elle voulait parler, car elle était certaine qu’il le comprendrait. « Et une seconde fois quand j’ai découvert toute la vérité au sujet de ta famille ! » Autant dire qu’elle trouvait abject le fait qu’ils aient maudit tous les habitants de Shadyside pour faire fructifier leurs affaires et celles des résidents de Sunnyvale. « Ça te regarde pas ! » Lança l’ado toujours aussi énervée qui n’avait pas envie de lui expliquer qui était Max et ce qu’elle représentait pour elle. Il serait bien capable de se servir de ces informations pour les retourner contre elle et l’atteindre. Il n’y avait pas moyen qu’il utilise son amie dans ce but ni qu’il crée des problèmes à cette dernière.

La jeune Berman n’en avait rien à faire que son interlocuteur soupire parce que ça ne lui plaisait pas qu’elle n’aille pas dans son sens. Elle était en droit de ne plus vouloir de contact avec Nick, mais ce dernier persistait à lui imposer une discussion. À quoi ça allait servir franchement ? À rien puisque la rouquine n’avait pas l’intention de changer d’avis sur l’ancien moniteur de colo. Mais OK, elle allait faire au moins l’effort de l’écouter. Peut-être qu’après cela il lui ficherait enfin la paix. « Vas-y, mais grouille-toi ! Plus vite on en aura fini et mieux je me porterai ! » Dit-elle sèchement en croisant ses bras et en le fixant d’un air mécontent. Puis, elle avait cherché à contrarier Goode, mais malheureusement pour elle, alors qu’elle souhaitait avoir le dernier mot, ça ne serait pas pour cette fois. En effet, le flic avait tapé en plein dans le mille, si bien qu’elle ne trouva rien à redire quand il parla du fait qu’elle ne tremperait pas dans le milieu de la drogue. Ça énervait Ziggy qu’il la connaisse si bien. Logiquement, ça ne devrait pas puisqu’ils ne s’étaient pas côtoyés pendant seize ans. Cependant, le brun avait marqué un point étant donné qu’il avait raison, chose que ne lui confirmerait pas son interlocutrice qui ne tenait pas à ce qu’il prenne davantage le melon.

Pour Christine, il n’y avait pas moyen que ces sales pestes fanfaronnent éternellement d’avoir réussi à lui apporter des ennuis. Oh que non ! Elles pouvaient le croire certes, mais à un moment donné elles subiraient le retour de bâton que leur infligerait la petite rousse qui ne comptait pas les laisser s’en sortir aussi facilement. Lorsque son interlocuteur lui dit qu’elle n’avait pas changé, l’ex-trentenaire lui lança un regard assassin. Ensuite, à sa question, elle haussa des épaules. « J’en sais rien ! J’y ai pas encore réfléchi ! » Il allait falloir qu’elle s’y mette d’ailleurs parce qu’elle souhaitait que ce soit magistral et que ça marque bien les esprits. Si ça pouvait hanter ces pimbêches pendant un bon moment voire jusqu’à la fin de leurs jours ce serait vraiment génial. La jeune fille souffla un grand coup, dégoûtée par ce que venait de lui expliquer Nick. « Tu peux pas faire une entorse au règlement ? » Demanda-t-elle sur un ton assez doux, bizarrement, comme si elle cherchait à amadouer son ancien flirt. « Ça te gênait pas auparavant ! » Fit-elle remarquer assez rapidement, essayant de le convaincre, ne tenant pas à devoir aller au commissariat ni que la Tueuse en soit informée. Il pouvait bien faire une exception pour elle non ? À moins que comme d’habitude, il n’agisse que dans son propre intérêt.

Bon sang ce que la lycéenne trouvait le garçon agaçant ! Voilà qu’il rejetait la faute sur elle, tout ça parce qu’il n’arrivait pas à obtenir ce qu’il voulait de la part de Ziggy. Il ferait mieux de jeter son dévolu sur une fille plus docile s’il désirait qu’elle dise amen à tout ce qui pouvait sortir de sa bouche. Nerveusement, l’adolescente éclata de rire. « Laisse-moi rire Goode ! » Claqua-t-elle, se fichant bien de sa poire. « J’te rappelle qu’on n’était rien l’un pour l’autre avant le camp. On ne se connaissait même pas ! Mais si c’est c’que tu souhaites, sache que ça me convient totalement ! » Rajouta-t-elle en lui lançant un sourire hypocrite. Ensuite, elle secoua la tête. « Alors ça, tu peux oublier ! » C’était hors de question que la miss fonde un club de lecture avec le brun. Certes, elle aime toujours autant bouquiner, mais préfère de loin s’adonner à sa passion seule. C’était mieux que de la partager avec l’ancien shérif.

Une fois de plus, la jolie rousse fit savoir à Nick qu’elle ne comptait pas lui pardonner, et encore moins se remettre avec lui. Elle espérait que ce soit assez clair et qu’il lâche l’affaire. « Je ne vois pas pourquoi il faudrait que je t’accorde une seconde chance… » Surtout que dit comme ça en plus, c’était comme s’il attendait vraiment qu’ils reprennent leur début d’histoire d’amour. À son tour, la demoiselle leva les yeux au ciel. « Elle s’appelait Deena ! » Ne put-elle s’empêcher de relever. Puis, contre toute attente, elle se tut et écouta ce qu’il avait à lui dire. Devait-elle le croire ? Elle en doutait, même s’il lui paraissait assez sincère pour le coup. « C’est sûr que rien ne les ramènera et que tu ne pourras jamais te racheter pour tout ça… » Fit-elle sur un ton moins catégorique que d’ordinaire, quelque peu perturbée par ses confessions. « Eh bien, tant mieux que tu ne l’aies plus ! » Du moins, si c’était vrai évidemment. Ce qu’elle espérait fortement puisqu’elle ne tenait pas à ce que le flic recommence à semer le chaos. Il avait déjà trop fait de mal par le passé. D’ailleurs, elle n’avait pas envie qu’il se serve de la jeune Mayfield pour parvenir à ses fins. « Elle est juste dans mon lycée, c’est tout. » C’était faux. En effet, Max était vite devenue sa meilleure amie, comme une jumelle bien qu’elles ne soient pas nées dans la même décennie et que désormais elles avaient un an d’écart tout rond fêtant toutes deux leurs anniversaires respectifs le 28 septembre. Cependant, la rouquine n’avait pas l’intention de partager ces informations avec son interlocuteur.

Tandis qu’elle songeait à tout ceci, au point de baisser sa garde, la jeune Berman se fit avoir, car son ex en profita pour l’embrasser. Elle n’aurait sans doute pas dû se perdre dans ses pensées. Elle aurait eu mieux fait de continuer à l’avoir à l’œil. Christine sous l’effet de surprise ne le repoussa toutefois pas. Ce qui était assez étrange en soi puisque depuis tout à l’heure elle n’avait eu de cesse de l’envoyer balader. Probablement que ses sentiments envers l’ancien mono étaient toujours présents. C’était d’ailleurs sans doute à cause d’eux qu’elle ressentait cette haine à l'égard de Nick qui l’avait beaucoup trop fait souffrir à l’époque. Chose dont elle ne s’était jamais remise malgré les années qui s’étaient écoulées. Le fait que les bons moments qu’ils avaient partagés au camp Nightwing remontent brusquement à la surface ne l’aidait pas du tout à mettre fin à ce baiser. Au contraire, Ziggy le prolongeait, retrouvant les mêmes sensations que durant sa première adolescence.

Agacée, la jolie rousse leva les yeux au ciel quand Nick lui répondit que ça serait mieux que rien. Peut-être pour lui, mais pas pour elle c’était sûr. Elle préférerait être loin de ce garçon et ne plus jamais le revoir. Malheureusement, celui-ci est aussi têtu qu’elle si ce n’est plus, donc elle peinera à s’en débarrasser. « Tourne pas autour du pot pendant cent-sept ans parce que j’ai bien mieux à faire que d’être avec toi ! » En effet, elle aimerait retrouver ses amis Max et Dustin qui devaient certainement s’en faire pour elle malgré qu’elle leur ait dit que tout irait bien. Goode est un connard c’est clair, mais Ziggy sait au fond d’elle-même qu’il ne lui ferait pas de mal. La preuve, à l’époque il aurait pu ne pas la réanimer… Alors certes, quelques années plus tard il avait menacé – devant les plus jeunes – de la sacrifier, mais c’était probablement parce qu’il se sentait pris au piège et cherchait une échappatoire, bien que ça ait tout de même fichu la frousse à la rouquine cette nuit-là.

L’ex-shérif croyait véritablement que Berman allait à nouveau s’allier à lui pour préparer sa vengeance ? Il pouvait se fourrer le doigt dans l’œil bien profond, car elle ne comptait pas accepter. « Sans façon ! » Répondit-elle sans équivoque. Christine ne prendrait pas le risque que ça leur rappelle de bons souvenirs et les rapproche comme ça avait été le cas à l’époque. Elle ne pouvait pas se le permettre pour bien des raisons. Bêtement l’adolescente croyait pouvoir faire plier le brun, mais non, il n’avait pas changé. Assez fort, elle soupira de frustration. « Toujours le même discours ! » Lança-t-elle en colère de constater que l’ancien mono ferait éternellement passer sa vie professionnelle et sa petite personne avant le reste et surtout avant elle, bien qu'elle ne le dira pas, refusant de lui offrir ce plaisir de jubiler.

L’ado serait satisfaite si enfin son ex-flirt lâchait l’affaire et la laissait tranquille, mais apparemment ce n’était pas encore d’actualité. « Faut être plus clair Goode ! » Claqua l’ancienne trentenaire pour se moquer de son interlocuteur. « C’est impossible pour moi ! » Répondit-elle en se sentant mal de repenser à tout ce qu’elle avait perdu pendant son séjour au camp et aussi après. Sa sœur et elle s’étaient réconciliées, mais n’avaient guère pu en profiter. Puis par la suite, leur mère n’avait fait que sombrer davantage jusqu’au jour où elle a fini par se supprimer, abandonnant la pauvre Ziggy qui était à peine majeure au moment des faits. Quant à son père, il avait refait sa vie loin de Shadyside et fondé une nouvelle famille sans se préoccuper plus que ça de la rousse. À Loading, c’était bien pire puisque Berman n’avait retrouvé personne de son passé en dehors du brun ici présent. Triste coup du sort alors qu’elle aurait préféré qu’il ne soit pas dans le secteur. « Toi fais c’que tu veux, mais moi j’peux pas ! » La pauvre étant toujours hantée ne pouvait oublier tous ces drames. Si seulement on lui avait ramené Cindy ça lui aurait mis un peu de baume au cœur et l’aurait peut-être aidée à avancer plus sereinement. Malheureusement l’univers en avait décidé autrement. C’était à croire que la vie ne pouvait se montrer tendre à l’égard de Christine, même à Loading loin de son ancienne ville. Sentant l’émotion l’envahir et ne voulant pas fondre en larmes à force de ressasser tout ceci, la petite rousse se força à penser à son existence actuelle. Certes, jamais elle ne zappera son aînée, mais depuis qu’elle avait atterri ici, plusieurs personnes étaient entrées dans sa vie et la rendait plus belle : Max, Dustin, mais aussi Faith qui l’avait prise sous son aile. Sans eux, elle serait sûrement encore malheureuse comme les pierres et perdue. La demoiselle débarquant des années 90 était contente de les avoir rencontrés et de pouvoir compter sur eux, car ils étaient devenus très importants à ses yeux.

Tandis que le flic espérait une seconde chance, la miss fut quelque peu surprise lorsqu’il lui avoua regretter et l’aimer. Elle ne s’attendait point à une révélation de ce genre. Ziggy était touchée, mais en parallèle elle restait méfiante, n'arrivant pas à savoir si elle devait croire cette déclaration. Cette fois, elle décida de garder le silence n’ayant aucune idée de quoi répondre à ça d’une part, mais aussi parce qu’elle ne tenait pas à ce que Nick remarque son trouble et s’en serve contre elle. La rouquine le reprit, car il venait d’écorcher le prénom de cette pauvre Deena. « Si tu te souciais un tant soit peu des autres, tu aurais retenu son prénom… » Mais ça n’étonnait absolument pas l’ex-trentenaire qui le voyait comme un homme égoïste. « Permets-moi d’en douter. » Fit-elle doucement, fatiguée de se battre avec lui. C’était peut-être aussi parce qu’il commençait à la chambouler sérieusement et qu’elle ne savait plus où donner de la tête. « Qu’est-ce qui me dit que tu ne l’as pas en ta possession et que tu ne l’as pas déjà réutilisé ? » Après tout, c’était possible que ce soit le cas, l’adolescente ne pourrait guère le vérifier, sauf s’il l’invitait chez lui et la laissait fouiller partout. Quand bien même il le ferait, elle refuserait de s’y rendre. De plus, si ça se trouve, il aurait comme à l’époque un passage secret menant à des souterrains sous sa maison dans lesquels seraient planqués ses trucs peu catholiques.

Berman inspira un grand coup avant de soupirer lorsque Max se retrouva au centre de la conversation. C’était hors de question que Goode ne vienne mêler son amie à leurs histoires et lui fasse du mal. Ici, son double est la personne la plus chère à son cœur, donc il n’y avait pas moyen qu’on la lui enlève. « Qu’il y ait une quelconque relation ou non entre nous, ça ne regarde qu’elle et moi. Je n’te dirai rien Nick, c’est pas la peine d’essayer de gratter des infos. » Bien que ça l’énerve qu’il ait compris qu’elles sont amies toutes les deux. En même temps c’est vrai que vu leurs échanges tout à l’heure au lycée, ce n’était pas dur à deviner. « Il y a intérêt ! Parce que sinon t’auras affaire à moi ! Et je sais où te trouver ! » En effet, maintenant qu’elle savait qu’il bosse en tant que flic, elle n’aura aucun mal à mettre la main sur lui si besoin. C’était donc préférable pour le brun qu’il fiche bien la paix à la jeune Mayfield sans ça il subira la colère de l’autre rousse.

La pauvre Ziggy ne s’était sans doute pas montrée encore assez méfiante puisqu’elle s’est fait avoir en beauté ! Pour preuve, voilà qu’elle partageait un baiser avec ce garçon qui lui avait pourtant brisé le cœur au point qu’elle n’avait plus fait confiance à la gent masculine et était restée seule durant la moitié de sa précédente vie. Son cœur était lancé dans une course folle, lui faisant perdre la tête. Du moins, jusqu’à ce que la belle Berman reprenne ses esprits et réalise qu’elle avait été stupide de se laisser embrasser de la sorte. L’élément déclencheur ? Probablement le fait que Nick ait tenté d’approfondir leurs embrassades. Grossière erreur, car il allait le regretter d’ici quelques secondes. Afin qu’il cesse son petit jeu, Christine se mit à mordre la langue de son partenaire. Si suite à ça il ne revenait pas les pieds sur Terre et ne la lâchait pas, alors c’était grave ! Mais, la jeune fille n’allait pas attendre davantage. Fière de son coup, elle le poussa de toutes ses forces et dès que ce fut possible, elle s’écarta en le fixant tout en lui adressant un joli sourire en coin. « T’avise plus de recommencer ça ! Parce que je serai moins tendre la prochaine fois ! » Ce qui signifiait en gros, qu’elle ne se ferait plus avoir par ses beaux discours et qu’en prime elle serait encore plus hargneuse si elle devait de nouveau le mordre.  

Étant très irritée en cet instant, la jeune Berman ne pouvait que subir ce qui se passait. Évidemment, elle pourrait prendre ses jambes à son cou comme la dernière fois où elle avait eu affaire à Nick, mais voilà la rouquine n’avait guère envie de courir sur plusieurs kilomètres pour rejoindre son sosie. Alors les bras croisés sur sa poitrine, elle écoutait ce que le flic avait à lui dire. Certes, il pouvait l’aider, mais ça n’arrangeait pas tellement la lycéenne qui ne tenait pas ce que son interlocuteur lui file un coup de main, car elle craignait qu’il n’en profite pour attendre quelque chose de sa part. « Fais ce que t’as à faire… » Abdiqua-t-elle, même si ça ne la mettait pas en joie. En roulant des yeux, l’adolescente libéra ses bras. « Tu sais c'qu’elle te dit la gamine ? » Répondit-elle sèchement en adressant un joli doigt d’honneur au brun. C’était tout ce qu’il méritait pour l’avoir traitée de la sorte. D’accord, Christine pouvait parfois agir comme la jeune fille au caractère bien trempé qu’elle était autrefois, néanmoins elle conservait son esprit d’ex-trentenaire avec tous les souvenirs qui allaient avec.

La suite de la conversation demeura houleuse étant donné que chacun campait sur ses positions et que la demoiselle gardait toujours cette profonde rancœur envers Goode. Elle avait trop souffert par sa faute pour faire comme si de rien n’était. Chose que l’ancien mono ne semblait pas comprendre même s’il prétendait le contraire. Complètement lasse, Ziggy préféra ne pas relever cette fois. En effet, ça la lessivait de batailler depuis tout à l’heure avec le garçon originaire de Sunnyvale. Après avoir entendu la déclaration de Nick – sincère ou non, c’était le mystère le plus total pour la jeune fille –, la rebelle rompit le silence pour le remettre en place concernant une gamine à qui il avait causé du tort durant les années 90. Fort heureusement, les Johnson ainsi que la petite-copine de Deena avaient réussi à s’en sortir contrairement à d’autres personnes qui n’avaient pas eu autant de chance qu’eux. « S’il n’y avait que ça… » Lâcha d’un ton faible la jolie Berman. « Tu cherches quoi là ? À c'que j'te plaigne ? Si c’est le cas, n’espère pas que ça arrive ! » Non, c’était hors de question qu’elle rentre dans son petit jeu. « Il fallait bien que quelqu’un t’arrête ! » C’était pour le bien des Shadysiders que le groupe avait mis fin au règne des Goode. Percevoir le rire du garçon à ses côtés ne plut point à Christine qui avait l’impression qu’il se fichait royalement d’elle. L’ado secoua la tête, pas d’accord du tout avec le fait de repartir sur de bonnes bases avec lui. « J’en sais rien, j'suis pas dans ton esprit ! Et c’est non pour le reste ! T’aurais dû saisir ta chance à l’époque. » Notamment en prenant soin de ne pas la faire passer pour une sombre folle alors qu’il connaissait la vérité sur tout ce qui se jouait à Shadyside étant donné qu’il était à l’origine des tragiques évènements qui s’y étaient déroulés.

Ayant peur que son ancien flirt s’en prenne à Max, le sosie de cette dernière le mit bien en garde afin d’éviter qu’il ne songe à causer du tort à la jeune Mayfield qui avait déjà eu son lot de mésaventures. « J’espère ! Même si avec toi, j'me méfie toujours ! » On ne pouvait guère en tenir rigueur à Ziggy de rester sur la défensive dès lors qu’il s’agissait de l’ex-moniteur de colo. Pourtant, contre toute attente, l’espace de quelques instants la rouquine s’était en partie laissée aller, chose pour laquelle elle s’en voulait et le fit comprendre à Nick en se montrant pour le moins sauvage, lui prouvant qu’elle avait les ressources pour se défendre et lui faire passer l’envie de réitérer l’expérience. Peut-être que par la même occasion ça calmerait ses ardeurs. Fière de son coup en voyant la réaction du brun, la jeune fille ne put s’empêcher de sourire tout en l’envoyant promener. « Pense c'que tu veux, j'm’en contrefous ! » Répondit-elle sèchement, ne souhaitant pas lui laisser le dernier mot bien qu’elle se sente encore troublée par le fait qu’il lui dise à nouveau l’aimer. Cependant, la miss faisait tout son possible pour que ça ne se remarque pas. « On fait ça ! » Approuva-t-elle en le fixant d’un regard noir avant d’ouvrir elle-même la portière et de s’installer à l’arrière, préférant ne pas passer devant et être à côté de l’agent de police. Une fois assise, Christine claqua la porte puis s’attacha et resta muette n’ayant point envie de parler même si les paroles de Goode ne cessaient de tourner dans sa tête pendant qu’elle scrutait l’extérieur par la vitre du véhicule.